Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a annoncé, jeudi 27 septembre, qu’il portait plainte contre l’écrivain et chroniqueur Yann Moix après ses propos antipoliciers qui ont suscité la colère des syndicats. « Après avoir pris connaissance de l’analyse juridique réalisée par mes services, j’ai pris la décision de porter plainte contre M. Yann Moix pour les propos injurieux et diffamatoires qu’il a tenus à l’encontre de nos policiers », a tweeté le ministre.

Dans l’émission du 22 septembre de Thierry Ardisson « Les Terriens du samedi » sur C8 – qui avait invité le journaliste Frédéric Ploquin venu présenter son livre La peur a changé de camp et deux policiers venus témoigner –, Yann Moix a tiré à boulets rouges sur les forces de l’ordre, des propos que l’écrivain a, ensuite, dit regretter.

« Si vous venez dire ici que les policiers ont peur, vous savez bien que la faiblesse attise la haine : dire que vous chiez dans votre froc, alors que vous faites un métier qui devrait prendre cette peur en compte… », avait-il dit sans terminer son raisonnement. Il avait également accusé les policiers de se « victimiser à longueur d’émission de télévision » alors que leurs « cibles préférées sont les pauvres et les milieux défavorisés ». « Je suis moi-même spectateur du harcèlement que vous pratiquez sur des gens inoffensifs (…) parce que, effectivement, la peur au ventre, vous n’avez pas les couilles d’aller dans des endroits dangereux », avait-il ajouté.

« Propos inacceptables, inqualifiables »

Gérard Collomb avait annoncé plus tôt dans l’après-midi aux organisations syndicales son intention de porter plainte, en marge d’une réunion autour du projet de loi de finances 2019. Il avait déploré dimanche des propos « intolérables », qualifiant le chroniqueur de « grossier sur la forme » et « indécent sur le fond ».

« Si tous les policiers se doivent d’être irréprochables, une personnalité se doit de l’être tout autant. Ces propos inacceptables, inqualifiables devront être sanctionnés par la justice », a commenté Frédéric Lagache du syndicat Alliance, annonçant que son organisation se portait partie civile.

Le secrétaire général d’Unité-SGP-FO, Yves Lefebvre s’est dit, lui, « satisfait » de la décision du ministre : « une marque de reconnaissance vis-à-vis de ses fonctionnaires ». « C’était allé beaucoup trop loin. On ne peut pas tout dire pour faire son buzz personnel », a réagi pour sa part David Le Bras, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN-UNSA).

Alternative CFDT avait annoncé le 22 septembre au soir avoir saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Yann Moix « profite de sa célébrité médiatique pour déverser tout son fiel de haine “antiflic” », avait dénoncé dans un communiqué le syndicat, condamnant des propos « à vomir ». Le syndicat avait également appelé le ministre de l’intérieur « à condamner avec fermeté ces propos ignominieux et à engager des poursuites ».

Au début de l’année Yann Moix, lors d’un reportage sur les migrants de Calais, avait accusé la police de violences « affirmant détenir des preuves vidéo », rappelle aussi le syndicat qui « attend toujours ».