La compagnie aérienne à bas coûts Ryanair promettait d’assurer la plupart de ses vols vendredi 28 septembre, malgré un appel à la grève dans plusieurs pays européens du personnel de cabine et des pilotes, qui réclament de meilleures conditions de travail.

Le transporteur irlandais prévoit l’annulation de 250 vols sur les 2 400 programmés en Europe, expliquant que la majorité de ses salariés travailleront normalement.

Le transporteur précise que tous les clients concernés ont été prévenus par courrier électronique et SMS depuis mardi. « Nous trouvons cette grève déraisonnable et quelque peu en décalage avec les progrès que nous pensions avoir réalisés », a affirmé jeudi Peter Bellew, le directeur opérationnel de Ryanair. « En n’annulant pas assez de vols en vue de la grève, Ryanair adopte un comportement irresponsable qui pourrait créer tensions et insécurité pour tout le personnel de l’aéroport, de Ryanair et les passagers concernés », a pour sa part prévenu le syndicat belge CNE, affilié à la Confédération des syndicats chrétiens.

Contrats par pays

L’appel à la grève concerne les personnels navigants en Espagne, au Portugal, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne, rejoints par les pilotes dans certains de ces pays.

Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail et l’emploi de chaque salarié via un contrat relevant de son pays de résidence, contrairement à la pratique historique de Ryanair d’employer une bonne part de son personnel via des contrats de droit irlandais.

La commissaire européenne aux affaires sociales, Marianne Thyssen, est intervenue mercredi pour rappeler Ryanair à l’ordre, après sa rencontre avec le directeur général de la compagnie, Michael O’Leary. « Le respect du droit communautaire n’est pas quelque chose sur lequel les travailleurs devraient avoir à négocier, ni quelque chose qui peut être fait différemment d’un pays à l’autre », a-t-elle prévenu. « Le marché intérieur n’est pas une jungle : il comporte des règles claires sur la mobilité équitable du travail et la protection des travailleurs », a ajouté la commissaire belge.

« Annulez cette grève ! »

Pour la Commission européenne, « ce n’est pas le pavillon de l’avion qui détermine la loi applicable. C’est l’endroit d’où les travailleurs partent le matin et reviennent le soir, sans que l’employeur ait à couvrir les frais ».

M. O’Leary a pour sa part appelé à « annuler la grève » lors d’une conférence de presse mercredi à Diegem, près de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, selon des propos rapportés par l’agence Belga. « On accepte de négocier et il y a quand même une grève », a-t-il fait valoir, avant de lancer : « Annulez cette grève qui n’est pas soutenue par la très grande majorité des travailleurs de Ryanair ! »

La compagnie irlandaise connaît une grogne sociale endémique depuis un an, qui a débuté avec le mécontentement de ses pilotes. La compagnie a tenté d’éteindre la contestation en signant dernièrement plusieurs accords avec des syndicats, notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Italie, dans lesquels la direction accepte des augmentations de salaire et des améliorations des conditions de travail.

La grève de vendredi marque la poursuite d’un mouvement social qui a déjà frappé la compagnie aérienne cet été avec deux vastes mouvements coordonnés dans plusieurs pays européens : chez le personnel de cabine fin juillet (600 vols annulés et 100 000 passagers touchés) puis chez les pilotes au cœur du mois d’août (400 vols annulés et 55 000 passagers touchés). Ryanair avait aussi dû annuler 150 vols en Allemagne le 12 septembre en raison d’une grève des pilotes et du personnel.

L’entreprise irlandaise compte 86 bases en Europe, selon son site internet, qui lui permettent de stationner ses avions et de domicilier son personnel. Elle a annoncé jeudi l’ouverture de deux nouvelles bases en France, à Bordeaux et Marseille, où elle n’était plus présente depuis 2011.