Les quatre lettres en miroir du prénom Otto offrent une étrange synthèse de l’animisme rétro-futuriste que Laurent Grasso met en scène dans son nouveau film. Le désir de capter le rayonnement de lieux traverse le travail de l’artiste – comme, récemment, dans Elysée, son film hypnotique sur le bureau ­présidentiel, ou avec l’installation Solar Wind sur le périphérique parisien. Cette fois, à l’occasion d’une ­commande de la Biennale de Sydney, l’artiste propose de ­rendre visible l’aura des sites ­sacrés des Aborigènes d’Australie, auxquels il a eu accès grâce à l’un de leurs représentants, Otto Jungarrayi Sims. Il le fait en s’inspirant du physicien allemand Winfried Otto Schumann, qui prédisait, dans les années 1950, l’existence de résonances dans le champ magnétique terrestre. L’imagerie scientifique est ici actualisée, à renfort de caméras hyperspectrales et ­thermiques, et les énergies de la spiritualité aborigène ­prennent la forme d’aériennes ­sphères cristallines chargées d’ombre ou de lumière. Cet univers ésotérique se prolonge par ­une série d’œuvres-machines qui revisitent tout un ­imaginaire parascientifique du tournant du XXe siècle, ­où ondes et courants électriques ­naturels étaient utilisés à des fins ­thérapeutiques. Le lien ­entre l’homme et la Terre, ­connexion fantasmée ou perdue ?

« Otto », de Laurent Grasso, à la galerie Emmanuel Perrotin, 76, rue de Turenne, Paris 3e. Tél. : 01 42-16-79-79. Jusqu’au 6 octobre.