L’Anglais Tommy Fleetwood, dimanche 30 septembre, à Saint-Quentin-en-Yvelines. / ERIC FEFERBERG / AFP

C’est Jean Van de Velde qui le dit, pour prévenir tout malentendu : « L’image du golfeur vu comme un vieux monsieur, un peu rondouillard et tout ce que vous voulez, a disparu depuis longtemps. » Le Français a disputé la Ryder Cup en 1999. Alors que l’édition 2018 du célèbre match Europe - Etats-Unis s’achève à Saint-Quentin-en-Yvelines, dimanche 30 septembre, l’ancien participant observe le rôle, désormais, « primordial » de la préparation physique

Un golfeur a popularisé cette approche, le plus célèbre d’entre tous, et le voilà toujours en activité ce week-end. Tiger Woods a aujourd’hui 42 ans et, sur lui, le poids de multiples opérations au dos. Deux décennies plus tôt, le jeune Américain imposait sa méthode pour remporter le Masters d’Augusta, à seulement 21 ans.

En 1997, le programme d’une journée classique consiste alors à « taper six cents balles au practice, s’entraîner au petit jeu et au putting, jouer dix-huit trois, puis filer à la salle de gym pendant deux ou trois heures », énumèrent les journalistes Jeff Benedict et Armen Keteyan, dans une biographique judicieusement titrée Tiger Woods (traduction en français, éditions Hugo Sport, 2018).

Du cardio-vasculaire

Les progrès sont sensibles. Au printemps 1998, « le Tigre » a déjà pris « neuf kilos de muscles » par rapport à l’année précédente. « Il avait passé un temps fou en salle de gym à soulever des poids. Il envoyait plus loin la balle que n’importe qui sur le circuit, mais il disait avoir besoin de plus d’explosivité sur le tee de départ », précisent ses biographes.

Et d’ajouter :

« Il avait fait ses petites recherches personnelles, pour en conclure qu’il devait développer ses muscles à rotation rapide en soulevant des poids, le tout à un rythme élevé et en ajoutant des séances de fractionné à son entraînement. »

A son niveau, Jean Van de Velde prenait aussi soin de sa condition physique. Même en tournoi, « je faisais du stretching le matin et le soir, pour décontracter mes muscles ». Routine bienvenue, « après avoir marché dix bornes » sur un parcours, club en main.

Le Français souligne l’importance du « cardio-vasculaire et des pulsations cardiaques », dans ce sport de haute précision où il convient d’avoir le geste juste. « Il faut être costaud physiquement et élastique, avoir des muscles déliés. Ça ne sert à rien d’être comme un bûcheron et d’être tout tendu. »

« Un lanceur de javelot »

Malgré une période de creux au plus haut niveau, la Fédération française de golf dit aussi s’être penchée sur la question de l’« athlétisation » de ses golfeurs. « Il faut une approche fine », convient son directeur technique national, Christophe Muniesa. « Depuis la fin des années 2000, on mène un travail de recherche sur les groupes musculaires à développer. En golf, pour caricaturer, il faut avoir des dorsaux et des triceps très développés par rapport aux caractéristiques de la gestuelle. Mais beaucoup moins de biceps que dans d’autres disciplines. »

Le dirigeant estime à une heure et demie le « standard » quotidien de préparation physique. Une nécessité pour éviter les blessures, d’autant que les tournois s’enchaînent et « les joueurs voyagent de plus en plus », fait observer Jean Van de Velde.

Thomas Levet, lui, se lance dans les comparaisons. Pour le vainqueur de la Ryder Cup 2004 avec l’équipe européenne, le golf s’apparente à d’autres sports, eux aussi statiques en apparence. « On développe des muscles essentiels du corps comme les jambes ou les abdominaux. Un peu comme un lanceur de javelot ou un lanceur de poids, on est obligés d’être hyperrapides et d’avoir beaucoup de force pour taper la balle le plus loin possible. Ça suppose à peu près les mêmes appuis, ça part du sol pour remonter dans le corps. » La condition sine qua non pour soulever le trophée doré en jeu ce dimanche après-midi.

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