Les Américaines sont championnes du monde, « comme d’habitude ». / JAVIER SORIANO / AFP

Il est des constantes rassurantes. L’allongement des journées à la fin de l’hiver, la marée qui revient chaque jour, et la victoire de l’équipe américaine de basket dans les compétitions internationales. Comme leurs cinq dernières épreuves (Jeux olympiques et Mondiaux), les Américaines ont remporté, dimanche 30 septembre, la Coupe du monde féminine de basket, prenant la mesure de l’Australie de Liz Cambage en finale (73-56).

Un score-fleuve qui ne raconte guère la physionomie accrochée de la rencontre, mais l’équipe américaine met un point d’honneur à aller jusqu’au bout. « Notre réputation d’équipe qui met quarante points à l’adversaire dès les cinq premières minutes n’est pas justifiée, avertissait pourtant la meneuse Sue Bird après les quarts de finale. Le niveau de tous les pays continue de monter, on prend les victoires comme elles sont. »

La vétéran américaine sait de quoi elle parle. En sélection depuis 2002, elle a remporté quatre titres olympiques et désormais autant de mondiaux. Elle était également de la partie en 2006, quand son équipe s’est inclinée en demi-finale face à la Russie. « La meilleure chose qui pouvait nous arriver à l’époque », glisse-t-elle. Depuis, sa Team USA a enchaîné une impressionnante série de cinquante et un victoires d’affilée en compétition officielle.

Le duo Bird et Taurasi, seize ans à la baguette

Dirigée sur terrain depuis seize ans par le duo Sue Bird - Diana Taurasi (respectivement 37 et 36 ans), l’équipe américaine maintient son niveau d’exigence au plus haut. En finale, face à l’Australie, elles ont pris garde à empêcher l’ouragan Cambage de dévaster leur raquette, faisant tout pour éloigner la gigantesque pivot des Opals du cercle. Une stratégie - grâce à l’envergure de la géante Brittney Griner - qui a permis à Team USA de rapidement prendre une dizaine de points d’avance. Au final, la joueuse australienne termine la partie avec sept points, bien loin de son rendement depuis le début du tournoi (dont elle a été élue dans le meilleur cinq).

L’équipe fonctionne avec sérénité, atteignant même une forme d’autogestion. Avant les matchs et lors de temps morts des rencontres - même quand elles sont accrochées -, il n’est pas rare de voir Dawn Stanley en marge du groupe, qui écoute les anciennes Sue Bird et Diana Taurasi. A la fin du temps mort, la coach pose un système et ses ouailles repartent sur le terrain. « Ça rend notre boulot bien plus simple, se félicite l’entraîneuse américaine. On peut mettre l’accent sur une ou deux choses importantes qu’elles doivent faire, et le reste est aux mains des joueuses. [Bird et Taurasi] sont là depuis tellement longtemps, elles forment le cœur de l’équipe. Et c’est un avantage énorme sur les autres nations, d’autant qu’on a moins de temps pour se préparer pour ces tournois. »

Car la WNBA, où évoluent toutes les championnes du monde, se déroule pendant l’été - quand la surpuissance NBA fait relâche. Et plusieurs joueuses - Sue Bird, Breanna Stewart, sacrée meilleure joueuse du Mondial et Jewell Loyd - sacrées avec le Seattle Storm, n’ont rejoint l’équipe nationale qu’une semaine avant l’entame du Mondial. Là où la France a bénéficié de deux mois de préparation pour affiner son jeu.

Formée des meilleures joueuses du monde, l’équipe américaine avance sûre de sa force. Même menées, les joueuses ne se départissent pas de leurs certitudes. « On savait qu’Emma (Meesseman) allait prendre feu. Mais que si on arrivait à contenir les autres, ça allait le faire, expliquait Elena Delle Donne après la demi-finale contre la Belgique. On a réhaussé le niveau en défense, empêché leurs transitions, et on les a fatiguées. On a une telle profondeur d’effectif que si on continue de pousser et pousser, on fatigue les autres équipes. »

« Charge de travail répartie uniformément »

« Elles sont toutes des joueuses de WNBA, ce sont des stars, on voit qu’elles savent contrôler le jeu, confirme la meneuse belge Julie Lallemand, dont l’équipe a tenu un peu plus d’une mi-temps avant de lâcher prise face aux Américaines. Même quand on est à égalité avec elles, elles restent sans pression et savent que leur talent va faire la différence à un moment. Elles ont un talent incroyable. Elles peuvent shooter, elles peuvent jouer à l’intérieur comme à l’extérieur, et elles jouent vraiment ensemble. Voilà la force des Etats-Unis. »

Une force collective que chaque joueuse souligne. « Ce qui est fou dans cette équipe, c’est que la charge de travail est répartie uniformément. Tout le monde fait sa part, explique Diana Taurasi, auteure de deux performances de haut vol en demies et en finale. Je coupe, je passe la balle aux meilleures joueuses du monde et attends un trois points ouvert. C’est littéralement mon job en équipe américaine depuis douze ans. Comment ne pas être heureuse de pareil fonctionnement ? » A voir sa joie enfantine et celle de Bird au coup de sifflet final, l’équipe américaine, qui remporte pour la première fois de son histoire trois Mondiaux d’affilée (seule l’URSS y était parvenu jusque-là), n’est pas rassasiée.

La France 5e, l’Espagne sur le podium

Après leur désillusion en quarts de finale - une large défaite contre la Belgique - la France a su se remobiliser. Opposée successivement au Nigeria et à la Chine en matchs de classement, les joueuses de Valérie Garnier ont remporté les deux rencontres et achèvent la compétition à la cinquième place (victoire 81-67 contre les Chinoises). Si elles se sont révélées incapables d’atteindre les demi-finales et le podium espéré, les Bleues réalisent leur meilleure performance en Mondial depuis plus de dix ans.

Dans le match pour la troisème place, l’hôte de la compétition, l’Espagne, a pris le meilleur sur de vaillantes Belges qui achèvent leur premier Mondial à la quatrième place. Battues par l’Australie en demi-finale, les coéquipières d’Alba Torrens se hissent sur le podium mondial pour la troisième fois d’affilée et confirment leur place de meilleure nation européenne.