Bureau de vote à Skopje, dimanche 30 septembre. / OGNEN TEOFILOVSKI / REUTERS

La perspective de se réconcilier avec la Grèce et de s’arrimer à l’Europe sera-t-elle suffisante pour mobiliser les Macédoniens, appelés à accepter par référendum un changement de nom de leur petit pays ? Selon les premiers chiffres, la réponse était clairement non. Deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, la participation était d’environ 29 %, a annoncé la commission électorale.

Même si ce scrutin n’est que consultatif, une trop faible participation affaiblirait le camp du « oui ». Le premier ministre social-démocrate Zoran Zaev n’en serait qu’affaibli, avant une ratification par le Parlement qui requerra le vote des deux tiers des députés – une majorité dont il ne dispose pas.

Appel au boycottage

Très discrets jusqu’alors, les promoteurs d’une campagne d’appel au boycottage orchestrée sur les réseaux sociaux ont annoncé dès le début de l’après-midi un rassemblement de célébration en soirée devant le parlement. Ils entendent insister sur la faible mobilisation pour saper la légitimité du référendum. Sous couvert d’anonymat, des responsables macédoniens n’ont pas caché dimanche leur inquiétude de ne pas voir atteinte la barre des 50 % de participation, objectif affiché deux jours plus tôt.

Pays pauvre des Balkans qui a payé son isolement d’un marasme économique persistant, la Macédoine entend intégrer l’Union européenne et l’OTAN, promesse de stabilité et de prospérité pour beaucoup. Mais cette quête est entravée par le veto de la Grèce, pour laquelle le nom de Macédoine est exclusivement celui de sa province septentrionale, autour de Thessalonique.

« Oui à une Macédoine européenne »

Depuis l’indépendance de cette ex-république yougoslave en 1991, les Grecs crient à l’usurpation d’identité, à la spoliation d’héritage, notamment de celui d’Alexandre Le Grand. Ils soupçonnent leurs voisins, majoritairement slaves, de dissimuler des ambitions territoriales. Achevées en 2017, les années au pouvoir de la droite nationaliste macédonienne (VMRO-DPMNE) ont encore tendu les relations. Le pays s’est alors couvert de statues et de références à Alexandre Le Grand et à son père Philippe de Macédoine.

Mais en juin, le premier ministre Zoran Zaev a signé un accord avec son homologue grec Alexis Tsipras : si le nom de « République de Macédoine du Nord » devait être adopté, Athènes cesserait de faire barrage à l’adhésion à l’OTAN et à l’UE. Pendant la campagne, c’est sur cet enjeu qu’a insisté le pouvoir, recevant le soutien de nombreux responsables occidentaux. Sur les murs de Skopje, la capitale, les « Oui à une Macédoine européenne » ont été affichés en lettres rouges, un appel à prendre part à une « décision historique ». Le résultat est attendu pour le début de soirée.

Pourquoi la Macédoine a-t-elle changé de nom ?
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