Gérard Collomb et Emmanuel Macron au palais de l’Elysée, le 3 août. / POOL New / REUTERS

Longtemps considéré comme le plus fidèle soutien d’Emmanuel Macron, Gérard Collomb a réitéré, mardi 2 octobre, sa volonté de démissionner du ministère de l’intérieur, dans un entretien publié sur le site Internet du Figaro. Secouée par l’affaire Benalla puis l’annonce de sa candidature à la mairie de Lyon en 2020, la relation entre le ministre de l’intérieur et le président de la République s’est dégradée en quelques mois. Retour sur les cinq actes qui ont posé les conditions d’un départ de Gérard Collomb de la place Beauvau.

  • Juillet : l’impact de l’affaire Benalla

L’affaire Benalla a marqué une rupture dans la « relation quasiment fusionnelle, filiale » – selon ses propres mots – qu’entretient Gérard Collomb avec Emmanuel Macron. Lors de son audition à l’Assemblée nationale, le 23 juillet, le ministre avait rejeté toute la responsabilité de l’affaire sur le préfet de police de Paris et le directeur de cabinet de M. Macron, assurant ne pas connaître l’ex-chargé de mission de l’Elysée, Alexandre Benalla.

Le ministre de l’intérieur sort de cette affaire politiquement affaibli et les images de son audition marquent les esprits en interne. L’absence de sanction pour les différentes hiérarchies mises en cause achève de convaincre les plus optimistes qu’il n’y aurait pas de grand bouleversement de la police nationale sous l’ère Collomb.

  • 6 septembre : il regrette le « manque d’humilité » de l’exécutif

Interrogé le 6 septembre sur la baisse de popularité d’Emmanuel Macron, le ministre le plus expérimenté du gouvernement surprend en critiquant le « manque d’humilité » de l’exécutif. « En grec, il y a un mot qui s’appelle “hubris”, c’est la malédiction des dieux, quand à un moment donné vous devenez trop sûr de vous, que vous pensez que vous allez tout emporter », met en garde le ministre sur BFM-TV. Au micro de Jean-Jacques Bourdin, il souligne également que « dans les palais de la République, on perd la capacité de lien et d’écoute avec la population ».

Le même jour, lors d’un déjeuner avec des journalistes au ministère de l’intérieur, M. Collomb dresse le portrait d’un président de la République de plus en plus replié sur lui-même. « Nous ne sommes pas nombreux à pouvoir encore lui parler. Ceux qui parlent franchement à Macron sont ceux qui étaient là dès le début : Ferrand, Castaner, Griveaux et moi… D’ailleurs, il va finir par ne plus me supporter. Mais si tout le monde se prosterne devant lui, il finira par s’isoler, car par nature l’Elysée isole », glisse-t-il alors selon des propos révélés par La Dépêche du Midi. Le ministre reproche également au président de ne « pas être monté au créneau plus tôt » dans l’affaire Benalla.

  • 18 septembre : annonce de sa candidature à Lyon en 2020

Le 18 septembre, M. Collomb prend tout le monde de court en annonçant, dans un entretien à L’Express, son futur départ du gouvernement. Une annonce qui tombe mal pour le gouvernement, confronté à une rentrée difficile, avec les démissions soudaines de Nicolas Hulot et Laura Flessel. M. Collomb y précise qu’il envisage de quitter le gouvernement après les élections européennes de mai 2019 pour mener sa campagne aux municipales à Lyon en 2020.

  • 1er octobre : Collomb présente sa démission, Macron la refuse

Dans un entretien au Figaro, publié lundi 1er octobre, Gérard Collomb annonce avoir présenté le jour même sa démission au président de la République, précisant que celui-ci l’a refusée « pour mieux lui renouveler sa confiance » pour les mois à venir. Le ministre de la Place Beauvau explique avoir agi ainsi afin d’éviter que son ministère soit déstabilisé par sa décision d’être de nouveau candidat à l’élection municipale de Lyon en 2020.

M. Collomb est de fait très critiqué depuis l’annonce de son départ d’ici 2019, l’opposition qualifiant le ministre d’« intérimaire ».

  • 3 octobre : le ministre de l’intérieur persiste et signe

Au lendemain du refus de sa démission par Emmanuel Macron, Gérard Collomb donne un nouvel entretien au Figaro, dans lequel il dit maintenir sa proposition de démission : « Je ne veux pas que le fait que je sois candidat quelque part demain puisse troubler la marche du ministère de l’intérieur, justifie-t-il. Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis des Lyonnais. »

L’entourage d’Emmanuel Macron réagit rapidement, informant que le président trouve « regrettable que Gérard Collomb se soit mis dans la situation le conduisant à devoir démissionner ». L’Elysée doit maintenant recevoir « rapidement les propositions du premier ministre » en vue du possible remplacement de M. Collomb.