LES CHOIX DE LA MATINALE

Les rapports humains sont au centre de notre liste cette semaine. Au sein d’une famille danoise d’aujourd’hui avec la saison 2 des Héritiers, entre une meurtrière et un policier (dans The Sinner), et au cœur du personnage-clé de la Servante écarlate, une production aux nombreux prix.

« Les Héritiers » : une fratrie danoise d’aujourd’hui

Les héritiers - Bande annonce (Arte)
Durée : 00:30

Pour créer Les Héritiers, Maya Ilsøe est partie d’un postulat : « On ne connaît sa famille que le jour où l’on doit se partager un héritage. » Ce qui l’avait amenée à ouvrir la saison 1 sur une mort et une révélation.

Peu de temps avant qu’elle ne décède d’un cancer, l’artiste plasticienne internationalement connue Veronika Grønnegaard avait appris à Signe, une jeune femme de la ville toute proche, qu’elle en était la véritable mère, et qu’elle lui léguait, à elle l’inconnue de la famille, le grand domaine où elle avait vécu avec ses maris et ses trois autres enfants. Signe découvrait ainsi qu’elle avait été adoptée toute petite, et qu’en plus d’un domaine, elle héritait de deux demi-frères et d’une demi-sœur…

La deuxième saison, qui poursuit sa radiographie de la petite communauté que forme la famille Grønnegaard, voit certains de ses membres aux prises avec des penchants étonnamment autodestructeurs. Un an s’est écoulé depuis la mort de l’artiste Veronika Grønnegaard, et sa fille Signe s’efforce de faire du domaine qui lui a été légué un lieu de vie ouvert à tous : ses demi-sœur et frères, l’ex-mari de sa mère, Thomas, qui a installé une roulotte dans le parc, le bébé de Thomas et les compagnes de celui-ci, etc. Couples recomposés, unions libres, individualisme contre vie en collectivité : cette saison 2 est celle de la confusion des rôles et des responsabilités au sein de la famille.

Une troisième saison a d’ores et déjà été diffusée au Danemark, Maya Ilsøe ayant d’emblée conçu Les Héritiers comme une trilogie, a minima, sur la génération danoise post-68.

« Les Héritiers » (Arvingerne) saison 2, série créée par Maya Ilsøe. Avec Trine Dyrholm, Marie Bach Hansen, Jesper Christensen (Danemark, 2015, 7 × 55 min). Quatre épisodes à la suite jeudi 4 et les trois autres jeudi 11 octobre. Sur Arte.

« The Sinner » : une intrigue pleine de silences et de promesses

THE SINNER Official Trailer (HD) Jessica Biel Drama Series
Durée : 01:11

Cette nouvelle anthologie (série dont chaque saison narre un récit différent) The Sinner, dont Netflix propose la première saison, se classe parmi les « Pourquoi il/elle a tué ? » (whydunnit) et non les « Qui a tué ? » (whodunnit). Policiaro-psychologique, elle fait surtout la part belle à ses deux interprètes principaux : l’actrice Jessica Biel, placide et perdue en meurtrière incapable de comprendre pourquoi un dimanche, sur une plage en plein jour, au vu de tous, elle a poignardé un inconnu ; et le comédien Bill Pullman, un inspecteur de police humaniste et futé, tout aussi mystérieusement gangrené par la culpabilité que la meurtrière, et incapable de résister au masochisme sexuel.

La jeune femme inculpée, mariée et mère d’un bébé, connaissait-elle la victime ? Sa tenue à lui, en maillot de bain, a-t-elle ravivé un trauma englouti par l’oubli ? La musique que le jeune homme écoutait avec sa petite bande, sur la plage, a-t-elle été un élément déclencheur ? Les questions vont s’égrener, une à une évoquées puis écartées ou validées, au fil d’une saison qui mêle avec sobriété deux trames : la relation qui se noue entre la meurtrière et le policier (qui rappelle celle qui lie les enquêteurs de Broadchurch), et le récit lui-même, énigmatique sans s’égarer dans d’innombrables fausses pistes. Il s’agit ici de l’adaptation d’un roman au titre identique, signé Petra Hammesfahr.

La deuxième saison, non encore disponible sur Netflix, voit revenir le même inspecteur de police, Harry Ambrose (Bill Pullman), et confie cette fois l’un de ses rôles principaux à l’actrice Carie Coon.

« The Sinner », saison 1, série créée par Derk Simonds. Avec Jessica Biel, Bill Pullman, Christopher Abbott (Etats-Unis, 8 x 45 min). A la demande sur Netflix.

« La Servante écarlate » : tout ce que l’on y montre a déjà eu lieu

LA SERVANTE ÉCARLATE (2017) • Bande-annonce saison 1 VOSTFR
Durée : 01:42

Dans son roman La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale, son titre original, publié en 1985), la Canadienne Margaret Atwood dépeignait un monde sombre et asphyxiant : une « démocrature » où la reproduction humaine était devenue rarissime, à l’image des ressources ­naturelles, et où l’exécutif avait décidé de contraindre les femmes encore fertiles à devenir des mères porteuses pour les membres de sa haute hiérarchie.

Pour autant, a souligné l’auteure, « La règle que je me suis imposée pour La Servante écarlate était toute simple : je ne mettrais rien dans ce livre que les humains n’ont pas déjà fait, quelque part, au fil du temps. » Or l’adaptation de ce roman en série, en 2017, aura créé un tel choc émotionnel et esthétique qu’elle rafla de nombreux prix en tant que « meilleure série dramatique ».

L’on y suit l’évolution de la théocratie fondamentaliste qu’est ­Gilead au travers des yeux et du récit d’Offred (remarquablement interprétée par Elisabeth Moss). Toute de rouge vêtue, Offred, femme encore capable de procréer, est une « servante écarlate » en révolte contre son sort. D’autant que, comme ses compagnes d’infortune, elle a connu l’insouciance de la démocratie, au temps où elle éditait des livres universitaires, était mariée et avait une petite fille, Hannah, que l’Etat lui a enlevée.

« La Servante écarlate », saison 1, série adaptée du roman de Margaret Atwood par Bruce Miller. Avec Elisabeth Moss, Alexis Bledel, Ann Dowd, Yvonne Strahovski, Samira Wiley (Etats-Unis, 2017, 10 × 52 minutes).

Déjà diffusée sur la plate-forme OCS d’Orange – où les deux premières saisons sont disponibles –, la saison 1 de « La Servante écarlate » est proposée par la chaîne gratuite TF1 ­Séries Films, ex-HD1, depuis dimanche 30 septembre, et à revoir sur le site MyTF1.