Les prélèvements d’organes tels que le rein, le cœur et le foie ont baissé depuis le début de l’année, traversant même un « trou d’air » au premier semestre, s’est inquiété mardi 2 octobre le professeur Olivier Bastien, responsable du prélèvement et des greffes à l’Agence de la biomédecine.

Le nombre annuel de donneurs prélevés affiche une nette baisse sur les premiers mois, et la prévision annuelle à août s’établit à seulement 1 882 donneurs, contre 1 930 attendus, après les bons chiffres de 2017 et « presque dix ans de hausse continue ».

« C’est inquiétant, quarante donneurs qui manquent, cela peut faire 150 greffes en moins », plusieurs organes pouvant être prélevés chez chaque donneur, observe Olivier Bastien.

« On constate en 2018, pour la première fois depuis de nombreuses années, une baisse sensible, dans certaines régions, du prélèvement, alors même qu’il n’existe pas d’augmentation du taux de refus », souligne l’Agence.

Consentement présumé

Le don d’organe repose en France sur le consentement présumé, qui veut que toute personne soit donneuse après son décès, sauf si elle a exprimé un refus de son vivant. A défaut de consigne écrite, la famille peut attester la volonté du donneur, par écrit. Le « taux de refus » est d’environ 30 %, en recul de 3 % l’an dernier.

La baisse des prélèvements pourrait être liée à « l’épisode grippal qui a mobilisé l’hôpital en début d’année, estime Olivier Bastien, mais le système de santé doit être capable d’absorber ce type d’événement sans se “gripper” justement ». Le médecin évoque aussi « la tentation du repli dans la société dans son ensemble ». C’est pourquoi l’Agence de la biomédecine relance ses campagnes auprès du grand public.

Outre la campagne annuelle en faveur du don de rein, la greffe la plus fréquente (du 2 au 28 octobre), l’Agence lance du 15 au 30 novembre une deuxième campagne sur le don post-mortem, qui représente l’essentiel des greffes.

Au total, 6 105 greffes ont été réalisées l’an dernier (+ 3,5 %), dont 629 à partir d’un donneur vivant (rein et foie), contre 5 891 en 2016. En 2017, 23 828 patients ont été en attente d’un organe.

Trois questions sur le don d’organes
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