Après plusieurs mois de suspense, le tribunal de commerce de Paris a décidé, mardi 2 octobre, de redonner les clés de La Grande Récré à son PDG, Jean-Michel Grunberg, en préférant son plan de continuation à l’offre de reprise du groupe Fnac Darty. Les deux choix étaient assez proches en termes de périmètre : le projet de Fnac Darty conservait 106 magasins sur 166 (à fin mai 2018) et 838 salariés sur 1 220, tandis que celui de Ludendo, la maison mère de La Grande Récré, gardait 104 magasins et 900 emplois. Les 88 magasins en franchise à fin mai 2018 n’étaient pas concernés.

M. Grunberg s’était allié à la Financière immobilière bordelaise (FIB), un fonds spécialisé dans l’immobilier commercial, qui s’est engagé à prendre 95 % du capital du groupe avant la fin de l’année. À la tête de 2 milliards d’actifs dans l’immobilier, la FIB, propriété de l’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon, a repris en février les fonds de commerce et les murs de 22 magasins Galeries Lafayette en province.

Le plan de continuation déposé le 11 juin prévoyait que le groupe, détenu à 62 % par la holding familiale, se sépare des filiales et magasins non rentables, notamment à l’étranger (Espagne, Suisse, Belgique) pour ne conserver en direct que des magasins La Grande Récré en France, où Ludendo emploie 734 salariés depuis une restructuration conduite cet été.

Un regroupement envisagé avec Toys’R’US

Le tribunal n’a finalement pas retenu, mardi, l’offre déposée le 15 juin par le groupe Fnac Darty, qui ne reprenait pas le passif évalué à 150 millions d’euros. Lors de la première audience fin juillet, le distributeur n’avait pas défendu son offre pour éviter d’éventuels « recours juridiques ».

Car la candidature surprise de Fnac Darty avait crispé Jean-Michel Grunberg, déterminé à conserver les rênes de l’entreprise fondée en 1977 par son père. Ludendo avait porté plainte fin juillet contre Fnac Darty pour « diffamation publique », estimant que son concurrent discréditait son plan de continuation auprès de ses fournisseurs.

Dans le cas où, mercredi 3 octobre, le tribunal, qui doit également statuer sur l’avenir de Toys’R’Us France, accorderait son aval à l’offre de Michel Ohayon parmi les trois en lice, ce dernier envisagerait de regrouper les deux réseaux sous l’enseigne La Grande Récré.