Des établissements proposent aux particuliers de gérer leur épargne à l’aide d’algorithmes. / Lucas Racasse/PhotoAlto / Photononstop

Oubliez le costume-cravate. Le conseiller financier du XXIsiècle est une intelligence artificielle. Un « robo-advisor » (« robot-conseiller »). Advize, ­Birdee, FundShop, Marie Quantier, Nalo, ­WeSave ou encore Yomoni proposent aux particuliers de gérer leur épargne à l’aide d’algorithmes, des modèles mathématiques permettant de définir comment investir. Selon les cas, l’épargnant délègue entièrement la prise de décision au robot, ou choisit au contraire de l’utiliser comme un conseil qu’il est libre de mettre en œuvre ou non, souvent dans le cadre d’un contrat d’assurance-vie ouvert dans l’établissement.

Dans l’univers de l’épargne, il existe aussi des coachs financiers comme Grisbee, Max ou Mieuxplacer.com, qui réalisent un diagnostic global du patrimoine du client avant de lui faire des recommandations, ou encore des plates-formes de financement participatif comme Lendit, SmartAngels ou Unilend.

« Les nouveaux acteurs digitaux proposent souvent d’épargner pour un projet. Cela peut être la retraite ou un achat immobilier, comme dans les réseaux bancaires, mais aussi de plus en plus souvent pour le plaisir, pour s’offrir une voiture ou un voyage. »

« Les innovations techno­logiques permettent de démocratiser des outils jusque-là réservés aux clients fortunés tout en visant des performances supérieures », ajoute Marc Giordanengo, directeur du cabinet de conseil Ailancy.Ainsi, il suffit généralement de 1 000 euros pour ouvrir un compte chez un robo-advisor. « Près de 40 % de nos clients ont moins de 35 ans. La plupart d’entre eux ne détenaient jusque-là qu’un livret d’épargne. Birdee est leur premier investissement de long terme », témoigne Geoffroy de Schrevel, cofondateur de Birdee, un robot présent sur les marchés belge et luxembourgeois depuis 2017 et lancé en France en mai dernier.

Inutile d’être un expert des placements, ni même de s’y intéresser, pour devenir client des robots-conseillers. « Il faut sortir du jargon financier trop souvent utilisé par les banques. Mais attention, l’argent est un sujet sérieux : il ne s’agit pas de le tourner en dérision », ajoute Geoffroy de Schrevel. Dans leur discours, les fintech de l’épargne se distinguent ainsi résolument des banques.

« Les nouveaux acteurs digitaux proposent souvent d’épargner pour un projet. Cela peut être la retraite ou un achat immobilier, comme dans les réseaux bancaires, mais aussi de plus en plus souvent pour le plaisir, pour s’offrir une voiture ou un voyage. C’est une approche complémentaire qui parle particulièrement aux plus jeunes », décrypte Franck Guiader, directeur innovation et fintech chez Gide. Un état d’esprit différent sur lequel planchent aussi les banques privées.

Transparence sur les frais

Au-delà du faible ticket d’entrée, les ­robo-advisors et autres coachs financiers mettent en avant la performance de leurs produits. « A gestion égale, les frais plus bas se traduisent naturellement par des performances supérieures. De plus, les fintech sont transparentes sur les frais, contrairement aux banques. Celles-ci n’affichent que les frais de leur gestion pilotée et les frais d’entrée du contrat, mais pas ceux prélevés au sein des unités de compte de l’assurance-vie », explique Sébastien d’Ornano, président de Yomoni, qui facture au maximum 1,60 % tout compris (frais de mandat, frais du contrat et frais des fonds dans lesquels le client est investi). Birdee annonce quant à lui des frais de 1 %, tandis que Nalo est à 1,65 %. « A titre de comparaison, les frais réels prélevés dans le cadre d’une gestion pilotée s’établissent en moyenne à 2,58 % dans les banques en ligne et à 3,47 % dans les réseaux traditionnels », calcule Guillaume Piard, président de Nalo.

Côté performance, la baisse du marché des actions en Europe ces derniers mois impacte les portefeuilles. Les dix profils de Yomoni affichent des performances comprises entre – 0,4 % et 0 % depuis le début de l’année, selon le degré de risque, après 2 % à 10,4 % en 2017. « Sur trois ans, les clients ont gagné entre 5,3 % (profil sans risque) et 24 % (100 % actions) nets de tous les frais », indique Sébastien d’Ornano.