Lors de la passation des pouvoirs entre Gérard Collomb et Edouard Philippe, mercredi 3 octobre. / Jullien Muguet pour «Le Monde»

La situation est quelque peu cocasse. Edouard Philippe a revêtu pour la première fois, mercredi 3 octobre, la double casquette de premier ministre et de ministre de l’intérieur par intérim. Quelques heures après la passation des pouvoirs, visant à assurer l’intérim du ministre démissionnaire Gérard Collomb, M. Philippe a eu l’occasion d’incarner son nouveau rôle en rendant visite, à Nanterre, aux policiers qui ont interpellé tôt dans la matinée le braqueur Redoine Faïd.

Le nouveau ministre de l’intérieur par intérim a félicité les policiers qui lui ont notamment présenté les conditions de l’interpellation du braqueur multirécidiviste, trois mois après son évasion du centre pénitentiaire de Réau.

Cette double casquette ne devrait pas être longue à porter pour M. Philippe, la nomination d’un nouveau ministre de l’intérieur étant « une affaire de quelques jours », a assuré, mercredi, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. C’est d’ailleurs, comme le prévoit la Constitution, le premier ministre lui-même qui formulera des propositions au chef de l’Etat pour le poste place Beauveau.

Cinquième premier ministre à cumuler les fonctions

La situation n’est, cependant, pas inédite dans l’histoire de la Ve République, Edouard Philippe est le cinquième premier ministre sur 22, à exercer une autre fonction ministérielle au sein de son propre gouvernement.

A la fin du quinquennat de Sarkozy, François Fillon avait cumulé le poste de premier ministre avec le ministère de l’écologie pendant deux mois et demi. En février 2012, il avait ainsi remplacé Nathalie Kosciusko-Morizet, nommée porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, candidat à un deuxième mandat.

Pierre Bérégovoy, dernier premier ministre socialiste de François Mitterrand avant la deuxième cohabitation, avait, lui, assuré pour vingt jours l’intérim au ministère de la défense en mars 1993, après la nomination de Pierre Joxe à la présidence de la Cour des comptes.

Nommé premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing fin août 1976, Raymond Barre avait, pour sa part, décidé de s’attribuer du même coup le ministère de l’économie et des finances. Une première dans l’histoire de la Ve République et qui ne s’est pas répétée depuis. Le cumul durera un an et demi.

Le premier ministre de la Ve République, Michel Debré fut également le premier à assurer l’intérim d’un de ses ministres. A la veille de Noël 1959, il avait remplacé durant trois semaines le ministre de l’éducation nationale, André Boulloche, démissionnaire à cause d’un désaccord sur une réforme de l’enseignement privé.