Lors de la passation de pouvoir entre Gérard Collomb et Edouard Philippe, mercredi matin. / Jullien Muguet pour «Le Monde»

La passation de pouvoir entre le ministre de l’intérieur démissionnaire, Gérard Collomb, et le premier ministre, Edouard Philippe, qui assure l’intérim à la demande du chef de l’Etat en attendant la nomination d’un remplaçant, s’est déroulée mercredi matin 3 octobre place Beauvau. Dans un sobre discours, Gérard Collomb a dessiné un bilan contrasté de son passage au gouvernement. Il estime laisser « un ministère apaisé, qui a lancé un certain nombre de réformes ». « Mais il en reste de nombreuses à mener », a-t-il ajouté.

« Grâce à vous, Monsieur le premier ministre, et grâce au président de la République, nous avons pu obtenir un budget exceptionnel, en augmentation de 3,4 %, quand l’ensemble du budget n’a augmenté que de 0,8 %. C’est la traduction de l’engagement du président de protéger nos concitoyens », a-t-il aussi déclaré.

L’ancien ministre de l’intérieur est moins optimiste quand il évoque les « quartiers de reconquête républicaine [quartiers populaires] » :

« La situation est très dégradée. Oui, aujourd’hui, c’est plutôt la loi du plus fort qui s’impose – des narcotrafiquants, des islamistes radicaux – qui a pris la place de la République. Il faut assurer la sécurité dans ces quartiers, mais je pense qu’il faut fondamentalement les changer. Quand un quartier se paupérise, se ghettoïse, il ne peut y avoir que des difficultés. Il faut une vision d’ensemble pour recréer de la mixité sociale. »

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Rassurer sur la continuité de l’action

Gérard Collomb a insisté sur l’affection qu’il porte aux territoires français. « Je suis comme vous, Monsieur le premier ministre, un Girondin, quelqu’un qui vient de villes qu’on aime toujours, a-t-il dit à Edouard Philippe. Je ne fais pas de différence entre métropole, ville moyenne, zone rurale, tous les territoires qu’il faut remettre ensemble dans la dynamique. »

Au moment de son départ sans successeur désigné, Gérard Collomb a tenu à rassurer sur la continuité de l’action au ministère de l’intérieur :

« Nous avons des grands directeurs, de grands préfets, qui connaissent leur territoire et permettent la continuité de l’Etat. Preuve en est : le ministre était en train de démissionner, cela n’a pas empêché les policiers d’interpeller Redoine Faïd. »

En réponse, le premier ministre a salué « la grande culture » de Gérard Collomb. « Il nous appartient d’être à la hauteur de la tâche, pour donner aux Français ce qu’ils attendent : de la sécurité, de l’espoir », a-t-il conclu.