Indonésie : pourquoi le séisme a été si meurtrier
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Le bilan du séisme suivi d’un tsunami s’est de nouveau alourdi en Indonésie : près de 1 400 personnes ont péri sur l’archipel des Célèbes, selon un nouveau décompte, l’ONU avertissant mardi 2 octobre de besoins « immenses » à la fois pour les survivants et pour les secours.

« Le bilan est désormais de 1 374 morts et 113 blessés, a annoncé à Palu, sur la côte ouest des Célèbes, Willem Rampangilei, directeur de l’agence indonésienne de gestion des catastrophes naturelles. Il y a toujours quelques corps piégés sous les décombres. Nous ignorons combien. Notre priorité reste de trouver et sauver des gens ». Les autorités anticipent une hausse du bilan au fur et à mesure que les secours progresseront dans les zones qui demeurent hors d’atteinte.

Près de 200 000 personnes nécessitent par ailleurs une aide humanitaire d’urgence, selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), parmi lesquels des dizaines de milliers d’enfants. On estime à 66 000 le nombre de logements qui ont été détruits vendredi par la secousse de magnitude 7,5 et le raz-de-marée destructeur qu’elle a engendré.

« Les besoins demeurent immenses »

Depuis, les survivants combattent la faim et la soif en raison d’un manque d’eau potable et de nourriture, et les autorités sont dépassées par le nombre de blessés à traiter. « Bien que le gouvernement et les organisations d’urgence travaillent sans relâche pour apporter une aide vitale, les besoins demeurent immenses », a indiqué mardi l’Ocha dans un communiqué. « Le sentiment des équipes travaillant sur place est un sentiment de frustration, a précisé à Genève Jens Laerke, de l’Ocha. Des portions importantes de ce qui pourrait être la zone la plus touchée n’ont toujours pas été complètement atteintes. Mais les équipes se démènent et font ce qu’elles peuvent ».

Le Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), basée à Jakarta, a fait état d’un besoin urgent de sacs mortuaires. Dans le climat équatorial chaud et humide qui prévaut en Indonésie, la décomposition est accélérée et fournit un terrain propice aux maladies.

Les secours manquent aussi d’équipements lourds. Ils peinent également du fait de la coupure des routes et de l’ampleur même des dégâts. L’armée indonésienne dirige les efforts mais, à la suite d’un appel du président, des ONG internationales ont également dépêché des équipes sur le terrain.

Mardi soir, le Fonds central d’intervention d’urgence de l’ONU a annoncé le déblocage de 15 millions de dollars d’aide. « Le gouvernement indonésien a l’expérience et est bien équipé pour la gestion des catastrophes naturelles mais, parfois, comme c’est le cas pour les autres pays, une aide extérieure est nécessaire », a expliqué le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires, Mark Lowcock. Mercredi, l’Australie a annoncé qu’elle dépêchait une équipe médicale dans les zones touchées et qu’elle débloquait cinq millions de dollars d’aide.

Scène de dévastation à Palu, en Indonésie, le 2 octobre. / JEWEL SAMAD / AFP

« Nous n’avons plus rien »

Dans les rues de Palu, le désespoir était néanmoins bien réel chez les survivants, certains parcourant les décombres pour sauver tout ce qui peut être sauvé. D’autres se pressent autour de rallonges électriques dans les quelques bâtiments disposant encore de courant. D’autres encore patientent pour recevoir l’eau, l’argent ou l’essence acheminés par un convoi de l’armée. Parfois, il faut faire 24 heures de queue pour obtenir quelques litres de pétrole.

« Le gouvernement, le président sont venus, mais ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’eau et de nourriture », a expliqué à l’Agence France-Presse Burhanuddin Aid Masse, 48 ans. Les installations sanitaires sont par ailleurs un problème de plus en plus grave. « Partout, les gens veulent aller aux toilettes mais il n’y en a pas. Alors il faut faire ses besoins de nuit, au bord de la route », explique Armawati Yarmin, 50 ans.

Les installations portuaires de Palu, un point d’accès crucial dans cette région accidentée, ont été fortement endommagées. Les points d’amarrages sont intacts mais la plupart des grues et équipements nécessaires au déchargement des navires ont été renversés dans la catastrophe, explique l’ONU.

Sur la route menant à Donggala, une ville au nord de Palu plus proche de l’épicentre, les dégâts sont immenses. L’agglomération en elle-même semble avoir été épargnée, mais dans les zones les plus touchées, on ne voit presque plus aucun bâtiment debout. « N’envoyez pas toute l’aide à Palu, implorait Farid, un habitant de Donggala âgé de 48 ans. Nous n’avons plus rien. »