Fatima, 17 ans, ici en mars 2018 à Rabat, est une ancienne « petite bonne ». Le travail des mineures comme domestiques est encore courant au Maroc. / FADEL SENNA / AFP

Une loi destinée à mettre fin aux abus dont sont victimes les domestiques au Maroc, et à interdire à terme le travail des mineures appelées « petites bonnes », est entrée en vigueur, mardi 2 octobre. Elle avait été promulguée il y a plus de deux ans.

Le texte, qui réglemente pour la première fois le travail domestique dans le royaume, impose un contrat de travail, un salaire minimum, un jour de repos hebdomadaire, des congés annuels et prévoit des sanctions financières pour les employeurs en cas d’infraction.

Originaires de la campagne et analphabètes

Fruit d’un travail de plusieurs années, il fixe à 18 ans l’âge minimal des employés de maison, une disposition destinée à mettre fin au travail des « petites bonnes », encore courant au Maroc. Mais l’emploi des adolescents de 16 à 18 ans reste autorisé pour une période de cinq ans à compter de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, au grand dam des défenseurs des droits humains.

Il sera donc « permis d’exploiter les enfants de 16 et 17 ans dans le travail domestique jusqu’au 2 octobre 2023 », s’est indigné le Collectif marocain pour l’éradication de l’exploitation des « petites bonnes ». « Le texte ne comprend aucune disposition, ni instruments pour la réinsertion des dizaines de milliers de mineurs de tous âges en situation d’exploitation », a également regretté le collectif.

Il n’existe pas de chiffres officiels sur le nombre de « petites bonnes », qui sont le plus souvent originaires de la campagne et analphabètes. Selon une étude commandée en 2010 par des associations, on comptait alors au Maroc entre 66 000 et 80 000 domestiques âgées de moins de 15 ans.