Au Mondial de l’automobile, à Paris, mercredi 3 octobre. / BENOIT TESSIER / REUTERS

Dans les travées du Mondial de l’automobile, à Paris, les constructeurs ont reçu une nouvelle difficile à avaler à l’heure du déjeuner : le résultat du vote organisé mercredi 3 octobre au Parlement européen pour durcir les normes d’émissions de dioxyde de carbone (CO2), qui s’appliqueront aux voitures commercialisées à partir de 2020. Les eurodéputés ont fixé un objectif de réduction de 40 % d’ici à 2030, avec un palier intermédiaire de 20 % en 2025.

Une position plus ambitieuse que celle exprimée par la Commission européenne. En novembre  2017, Bruxelles avait proposé une diminution limitée à 30 %. « Trop difficile à atteindre », avait déjà réagi l’Association européenne des constructeurs automobiles. « Très largement insuffisant », avaient tonné les organisations environnementales et les Verts européens, qui dénonçaient « un cadeau au lobby automobile ».

Si les députés européens ont accentué la pression sur les constructeurs, ce n’est pas leur position qui s’imposera forcément in fine. Un conseil des ministres européens de l’environnement est prévu le 9 octobre pour arrêter la position des Etats membres de l’Union européenne (UE). S’ouvrira ensuite une négociation tripartite (entre la Commission, le Parlement et le Conseil) pour une décision finale attendue au début de 2019, avant les élections européennes.

« Incompatible avec les objectifs de l’accord de Paris »

La position officielle de la France n’est pas encore connue, mais des éléments ont déjà filtré. Hasard du calendrier, Emmanuel Macron a choisi ce mercredi pour déambuler entre les stands du Mondial de l’automobile, porte de Versailles. Face aux plaintes des constructeurs qui jugent les objectifs assignés par les députés européens « irréalistes », le chef de l’Etat devrait répéter ce qu’il avait répondu à la vingtaine de patrons conviés à un dîner à l’Elysée lundi, à l’occasion des 70 ans de la manifestation. En substance et toujours selon le fameux principe de l’« en même temps » : prenez des engagements forts à court terme sur les véhicules électriques ; ensuite, nous verrons avec l’Allemagne pour ajuster ces objectifs. Or la position de l’Allemagne est très claire : s’aligner sur la proposition, moins contraignante, de la Commission européenne.

La présidence autrichienne de l’Union européenne (UE) travaille, elle, sur un compromis (35 % en 2030 et 15 % en 2025). Une proposition jugée « incompatible avec les objectifs de l’accord de Paris » [de réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990], par les associations du Réseau Action Climat. L’ICCT (International Council on Clean Transportation – « Conseil international pour un transport propre »), l’ONG américaine qui a révélé le scandale du « dieselgate », a fait le calcul : pour respecter la trajectoire de l’accord de Paris, la réduction des émissions de CO2 des voitures devrait atteindre au moins 70 % d’ici à 2030.

« Les émissions liées au transport routier ont augmenté d’environ 20 % depuis 1990 »

Le secteur du transport est le premier émetteur de gaz à effets de serre. Et le trafic automobile représente à lui seul environ 12 % des émissions générées par les pays de l’Union européenne. Or, comme le relève le commissaire européen au climat et à l’énergie, Miguel Arias Cañete, « l’UE a réduit ses émissions de 23 % depuis 1990 quand les émissions liées au transport routier ont augmenté d’environ 20 % ».

En 2017, les émissions de CO2 des véhicules neufs sont mêmes reparties à la hausse en Europe et pour la première fois depuis 1995 en France. Le résultat combiné de la chute des ventes de véhicules diesel et de l’explosion des « SUV », ces grosses berlines qui paradent au Mondial de l’automobile.