La baie de Maya, sur l’île de Koh Phi Phi Le, a été fermée une première fois en avril 2018. / LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP

A l’affiche du film La Plage, en 1999, Leonardo Di Caprio, Virginie Ledoyen et Guillaume Canet découvraient, ébahis, le sable blanc et l’eau turquoise de la baie de Maya, sur l’île thaïlandaise de Koh Phi Phi Le. Près de vingt ans plus tard, l’iconique paysage est victime du succès touristique entraîné par la renommée mondiale du film : la plage a subi une érosion sévère et une grande partie des récifs coralliens a été endommagée en raison de la pollution des moteurs.

Les autorités locales ont décidé, lundi 1er octobre, de prolonger sa fermeture, décidée une première fois au mois de mai dernier. La plage accueillait quelque 5 000 visiteurs par jour, parmi lesquels un nombre croissant de Chinois. La plupart ne restaient que quelques dizaines de minutes, avant de rembarquer sur des hors-bord affrétés par les multiples tours-opérateurs de la région.

La décision des autorités est basée sur une étude récente, qui a démontré qu’il était « impossible » de remédier au problème en seulement quatre mois, a déclaré à l’AFP Songtam Suksawang, directeur du bureau des parcs nationaux. La fermeture a donc été prolongée jusqu’à ce que l’écosystème de la zone « retrouve une situation normale », a-t-il ajouté.

Lors du tournage du film « La Plage », en 1999. Des organisations environnementales et des habitants avaient demandé, sans succès, l’arrêt du tournage au studio américain 20th Century Fox, arguant d’une déformation du paysage naturel. / EMMANUEL DUNAND / AFP

35 millions de touristes en Thaïlande chaque année

« La réhabilitation de Maya Bay devrait durer au moins quatre ans », a estimé Arnaud Simons de l’ONG Ocean Quest Global. « Au cours des derniers mois, la saison de la mousson et la mer agitée ont entravé les efforts de réhabilitation des coraux, mais nous ne doutons pas que les objectifs seront atteints à long terme », a-t-il ajouté.

Pour Paul Pruangkarn, de la Pacific Asia Travel Association (PATA), qui réunit des professionnels du tourisme, la prolongation de la fermeture est une arme à double tranchant : « cela peut être une bonne chose, surtout quand il s’agit d’environnement, de prendre son temps pour réparer les dommages. [Mais] le gouvernement doit réfléchir à la manière dont il peut aider » la population locale, qui vivait du tourisme.

La Thaïlande, qui accueille chaque année plus de 35 millions de vacanciers, est confrontée à une dégradation avancée de ses fonds marins. Outre le réchauffement climatique, le comportement des touristes, qui n’hésitent pas à marcher sur les coraux, est pointé du doigt – tout comme la surabondance de tours-opérateurs et l’absence de régulation sur ces îles, censées être protégées par leur statut de parcs nationaux.

Ce même phénomène de surpopulation touristique se retrouve à travers l’Asie du Sud-Est, accompagné de ses conséquences sur le fragile écosystème des îles : en avril, les Philippines ont, par exemple, décidé de la fermeture pour quatre mois de Boracay, l’île la plus courue de l’archipel.