La justice américaine a annoncé, jeudi 4 octobre, l’inculpation de sept agents supposés du renseignement militaire russe (GRU) dans le cadre d’une campagne mondiale de cyberattaques attribuée au Kremlin et dénoncée par plusieurs pays occidentaux.

Selon l’acte d’accusation, ces sept personnes sont poursuivies par les Etats-Unis pour des faits commis entre décembre 2014 et mai 2018 et qui visaient, pour une bonne partie, des instances sportives internationales.

Poursuivis pour blanchiment d’argent, fraude bancaire, fraude informatique et usurpation d’identité, les sept agents supposés du GRU sont accusés d’avoir piraté l’Agence mondiale antidopage (AMA), le Comité olympique international (CIO), les Fédérations internationales de football (FIFA) et d’athlétisme (IAAF) et le Tribunal arbitral du sport (TAS), ainsi que plus d’une trentaine d’instances nationales, dont les agences antidopage canadienne et américaine.

Les opérations « concernaient des accès sophistiqués, continuels et non autorisés aux réseaux informatiques des victimes en vue de voler des informations d’ordre privé ou sensible », a expliqué John Demers, ministre adjoint de la justice pour la sécurité nationale.

Documents de l’AMA « modifiés » pour « soutenir les thèses du gouvernement russe »

Des codes d’accès de membres de différentes organisations sportives auraient ainsi été volés pour se procurer des documents concernant la lutte antidopage, des dossiers médicaux ou des informations sur les procédures antidopage.

Ces informations sensibles ont été communiquées au célèbre groupe de pirates informatiques Fancy Bear, considéré comme étant contrôlé par les services de renseignement russes. Les hackeurs ont ensuite diffusé ces documents à des journalistes dans le cadre d’une campagne de désinformation.

L’AMA avait suspendu en 2015 l’Agence russe antidopage (Rusada) en raison de son rôle moteur dans le système de dopage d’Etat qui régissait le sport russe entre 2011 et 2015. Certains documents de l’AMA fournis à la presse « ont été modifiés » pour « soutenir les thèses du gouvernement russe », précise l’acte d’accusation.

Trois des sept Russes poursuivis font partie des douze responsables inculpés en juillet d’ingérence dans la présidentielle américaine de 2016 par le procureur spécial Robert Mueller. Les deux dossiers sont différents, mais ils se chevauchent, a souligné John Demers.

L’annonce américaine survient alors que les Pays-Bas, l’Australie, la Grande-Bretagne, l’OTAN et l’Union européenne accusent également Moscou de cyberattaques. Le gouvernement canadien a pour sa part annoncé , jeudi, que l’AMA, établie à Montréal, avait fait l’objet d’une cyberattaque, dont le GRU était « fort probablement responsable ».