Neymar et son entraîneur Thomas Tuchel après la victoire face à l’Etoile Rouge Belgrade. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Rien ne vous est épargné lorsque vous êtes l’un des meilleurs joueurs au monde, qui plus est le transfert le plus cher de l’histoire du football. Neymar, la star brésilienne du Paris SG, cible de toutes les critiques après la défaite de son club face à Liverpool (3-2) lors de la première journée de Ligue des champions, a répondu de la plus belle des manières, mercredi 3 octobre, à l’occasion de l’incontestable victoire (6-1) face à l’Etoile Rouge de Belgrade. Auteur de trois buts, dont deux magnifiques coups francs, impliqué dans le jeu de son équipe, Neymar semble surtout trouver sa place dans l’équipe.

Un paradoxe car le Brésilien affiche tout de même des statistiques flatteuses en Ligue 1 : sept buts et trois passes décisives en sept matchs disputés. Mais le PSG n’a pas besoin de lui pour dominer la Ligue 1, et c’est bien pour permettre à son équipe de franchir un palier sur la scène continentale qu’il a été recruté. Après sa piètre prestation face à Liverpool, marquée notamment par son manque d’implication dans le repli défensif et son incapacité à faire la différence en attaque, les spectateurs du Parc des Princes ont rapidement compris que Neymar souhaitait envoyer un message, à l’image de son équipe, qui a dégagé une véritable force collective face à des Serbes totalement étouffés.

Repositionné au milieu

En plus de son triplé (20e, 22e, 81e), il a gratifié le public de ses habituelles arabesques (on retiendra, parmi ses nombreuses gourmandises, son petit pont dans la surface adverse en fin de première mi-temps, ou sa louche à l’origine du cinquième but conclu par Kylian Mbappé). Mais il a aussi su épurer son jeu et s’est montré très collectif, au nouveau poste qui est le sien : meneur. L’entraîneur du PSG Thomas Tuchel a en effet repositionné son joyau au milieu, où il se montre plus altruiste que la saison précédente.

« A Barcelone, ma fonction était donc différente, je ne [menais] pas l’équipe. Au PSG, j’aime avoir le ballon, le toucher. Je suis très heureux de jouer au milieu », avait-il déclaré mardi en conférence de presse, sa première depuis son arrivée au club à l’été 2017, comme un présage de sa performance à venir et, peut-être, comme un symbole de sa prise de responsabilités au sein du club parisien. Une conférence de presse au cours de laquelle Neymar avait également confessé ne pas être à 100 % de ses capacités physiques :

« C’est le début de la saison et on a joué peu de matchs. Le haut niveau du foot mondial arrive entre février et mars, lorsque les meilleurs matchs arrivent. Je suis à la recherche, chaque match, chaque jour, sur le moyen de m’améliorer tant au niveau physique que technique. »

« Le PSG, ce n’est pas juste Neymar »

Après avoir manqué, pour cause de blessure, toute la fin de saison dernière du PSG et notamment le match décisif face au Real Madrid lors du huitième de finale de Ligue des champions, Neymar avait précipité son retour sur les terrains pour disputer la Coupe du monde avec le Brésil. Avec la lourde charge de porter la Seleçao sur ses frêles épaules, à seulement 26 ans. Il reviendra contrit de son périple russe après une élimination précoce en quarts face à la Belgique, et devra subir des moqueries en mondiovision à cause de sa propension à accentuer ses chutes. « Il y avait une grande frustration mais je ne pouvais rester pleurnicher toute la vie. J’étais triste, maintenant je vais de l’avant », avait averti le Brésilien avant la rencontre face aux Serbes. Le message est passé.

Après la démonstration parisienne face à l’Etoile Rouge, le Brésilien a estimé, ballon du match sous le bras, qu’il avait « clairement » disputé son meilleur match depuis le début de saison. Pour ne rien gâcher, il est devenu le deuxième joueur à inscrire deux coups francs lors d’un même match de Ligue des champions depuis Cristiano Ronaldo en 2009. Et il a égalé le légendaire Kaka en inscrivant 30 buts en C1, record pour un joueur brésilien dans cette compétition.

Mais c’est au final la sagesse, et le franc-parler, de Thomas Meunier, qu’il faudra peut-être retenir. Le latéral belge du PSG a tempéré l’euphorie ambiante en constatant que « ce n’est pas la première fois que Neymar joue comme ça ».

« Il a déjà mis pas mal de triplés, de doublés, et fait un tas de passes décisives. Comme je l’ai déjà répété, le PSG, ce n’est pas juste Neymar. »

Lucide sur la faible opposition du soir, le Belge préfère que le PSG « effectue une très bonne prestation contre Liverpool ou Naples », ses principaux rivaux du groupe C. Neymar, à qui certains reprochent d’être fort face aux faibles et faible face aux forts, devra encore montrer la voie à ses coéquipiers lors de la double confrontation face aux Napolitains (24 octobre et 6 novembre), désormais premiers du groupe après leur victoire face à Liverpool. Un tout autre morceau pour le PSG et son nouveau meneur de jeu.