Le fonds d’investissement consacré aux innovations de 10 milliards d’euros dont Bruno Le Maire, a donné le coup d’envoi en janvier, sera-t-il suffisant pour remettre la France dans la course face aux géants américains et chinois de la technologie ? Rien n’est moins sûr, si l’on en croit le rapport publié jeudi 4 octobre par les députés Christine Hennion (LRM) et Sophie Auconie (UDI) sur la politique européenne en matière d’« innovation de rupture », ces technologies incertaines et coûteuses à développer, mais dont la réussite peut rebattre les cartes d’une industrie, à l’image des imprimantes 3D ou de la voiture autonome.

Pour les députés, l’enjeu se situe au niveau européen. Si les « investissements européens en matière de recherche restent solides, estiment-ils, ils sont épars (…) et demeurent trop nationaux ».

Trop peu de « licornes »

En témoigne « le faible nombre de licornes », ces entreprises non cotées à la valorisation supérieure au milliard de dollars. Fin 2017, l’Europe en comptait 26, les Etats-Unis 109 et la Chine 59. L’ex-empire du Milieu, qui dépense 2,1 % de son produit intérieur brut en recherche et développement, rattrape progressivement les Etats-Unis (2,7 %) et distance l’Europe (1,94 %).

Pour remédier à cette situation, le rapport émet dix-huit recommandations. Il suggère d’accroître le budget du Conseil européen de la recherche dont le dernier programme-cadre, qui arrive à échéance en 2020, est doté de 77 milliards d’euros. Les deux parlementaires conseillent aussi d’« engager une réflexion sur l’éducation afin d’inculquer une culture du risque en Europe », et de mieux coordonner les politiques d’innovation au niveau régional, national et européen.

Moins consensuel, ils proposent de s’attaquer à la réglementation en matière de concurrence, afin de « permettre à des jeunes pousses d’accéder au marché européen » et de « lever les interdictions de subvention d’Etat en l’absence de financement initial européen ». Le rapport se dit aussi favorable à un assouplissement en matière d’exploitation de « données non personnelles » et insiste sur la nécessité d’une harmonisation réglementaire. Il plaide enfin pour un marché unique des capitaux, capable de contrecarrer les places anglo-saxonnes.