Un policier blanc de Chicago a été reconnu coupable vendredi 5 octobre du meurtre d’un adolescent noir. Jason Van Dyke, qui comparaissait pour assassinat, était accusé d’avoir abattu à distance et sans raison Laquan McDonald, 17 ans, alors que ce dernier tenait un couteau. Il avait tiré « seize fois » sur lui, de façon « totalement inutile », en octobre 2014, ont estimé les jurés. Il avait plaidé non coupable.

Les douze jurés ont rendu leur verdict dès le lendemain du début de leurs délibérations, le reconnaissant coupable de meurtre au lieu d’assassinat. Ils ont également décidé de sa culpabilité de seize autres chefs d’accusation pour usage aggravé d’une arme à feu, mais l’ont acquitté de celui de faute professionnelle. Sa sentence sera connue ultérieurement.

La diffusion très tardive, en 2015, d’une vidéo montrant la mort de l’adolescent avait exacerbé la colère de la population, déclenchant des mois de manifestations dans la troisième ville des Etats-Unis. Les images de la vidéo, filmée par une caméra fixée sur le tableau de bord d’une voiture des forces de l’ordre, montrent Jason Van Dyke tirant sur l’adolescent, qui se trouve à plusieurs mètres de distance, et continuant à vider son chargeur même une fois le jeune homme à terre. Aucun des neuf autres officiers présents n’avait fait usage de son arme.

Scène filmée

Lors de son procès, qui a duré dix jours, l’ancien policier a assuré avoir tiré parce que l’adolescent lui paraissait menaçant. Ses avocats ont tenté de contrer l’effet désastreux de la séquence filmée en appelant à considérer le « contexte ».

La vidéo de la scène a entraîné le renvoi du chef de la police de Chicago de l’époque. Le ministère de la justice a par ailleurs ouvert en décembre 2015 une enquête fédérale visant la police municipale de Chicago. Celle-ci a conclu que les abus de la part de policiers étaient récurrents dans la métropole, gangrenée par la criminalité.

Le maire de la ville, Rahm Emanuel, un proche de l’ancien président Barack Obama, s’est lui-même retrouvé en difficulté. Il a annoncé au début de septembre qu’il renonçait à briguer un troisième mandat, sa popularité butant sur cette violence endémique, liée à des guerres de gangs et au trafic de drogue.

L’homicide de Laquan McDonald fait partie d’une série de bavures policières aux Etats-Unis ces dernières années dont ont été victimes des Noirs, donnant naissance au mouvement Black Lives Matter.