LES CHOIX DE LA MATINALE

Le soleil devrait être au rendez-vous aujourd’hui samedi mais dimanche sera une journée pluvieuse. Pas de panique ! « La Matinale » vous a sélectionné trois documentaires et un téléfilm, promesse d’une journée ensoleillée… sur le plan culturel.

Amis des bêtes (ou pas), découvrez comment chiens, aigles royaux et même rats veillent à votre sécurité dans Les Animaux face au terrorisme, d’Alfred de Montesquiou. Pour celles et ceux d’entre vous qui ont la fibre artistique, plongez dans la vie de Joseph Beuys, maître de la provocation qui refusait de se considérer comme un artiste, avec le documentaire d’André Veiel. Avec BNP Paribas, dans les eaux troubles de la plus grande banque européenne, intéressez-vous au réseau de ce mastodonte de la finance avec le pouvoir politique. Enfin, avec Un adultère, laissez-vous toucher par le jeu sobrement bouleversant d’Isabelle Carré en femme trompée qui tente de sauver son couple.

Animaux de combat

[EXTRAIT] Les Animaux face au terrorisme : AVION - 2/10
Durée : 01:50

Cela fait longtemps que l’homme utilise l’animal dans les conflits armés ou pour prévenir une menace. On retrouve le chien souvent en première ligne, mais aussi d’autres animaux réputés pour leur flair, leur vélocité, leur acuité visuelle. Dans de nombreuses situations, cette alliance se révèle efficace. Et aujourd’hui, alors que les armes traditionnelles sont souvent sans effets face aux bombes, aux drones ou aux mines antipersonnel, certains animaux se révèlent particulièrement précieux.

En suivant au plus près l’entraînement des brigades cynophiles des unités d’intervention de la police nationale (RAID) et de la gendarmerie (GIGN), la caméra permet de mieux mesurer l’efficacité des chiens d’assaut ou de détection.

Mais les chiens ne sont pas les seuls à pouvoir renifler les bombes. Les rats, dont les capacités olfactives sont exceptionnelles, jouent aussi un rôle précieux. En Tanzanie, une ONG s’est spécialisée dans l’entraînement de ces rongeurs, qui ont été utilisés avec succès en Angola, au Mozambique et au Cambodge pour détecter les sols piégés.

L’armée de l’air française s’occupe, elle, de l’entraînement d’aigles royaux, utilisés pour intercepter les petits drones, une menace de plus en plus réelle. Capable de voler à 70 km/h et de plonger en piqué à plus de 250 km/h, doté d’une vision remarquable, l’aigle royal est un formidable allié des forces aériennes et un efficace chasseur de drones. Alain Constant

« Les Animaux face au terrorisme », d’Alfred de Montesquiou (France, 2018, 59 minutes). Disponible sur France.tv jusqu’au 9 octobre.

Maître de la provocation

Joseph Beuys en 1982. / SWR / ZERO ONE FILM

Cet homme n’a jamais fui les débats, même les plus virulents. Lors de conférences consacrées à ses créations ou face à des journalistes, ­Joseph Beuys (1921-1986) résistait aux insultes et au mépris comme personne et semblait se nourrir des attaques sur son travail et sa manière de concevoir l’art. « Quand on me demande si je suis un artiste, je dis : “Arrête tes conneries”, expliquait-il. Je ne suis pas là pour décorer ce système pourri, délabré, puant. Je ne suis pas un artiste. »

A partir des années 1960, cet Allemand allait, à travers ses œuvres (dessins, sculptures, vidéos), grâce à ses performances hors norme en public et à ses immenses installations (comme au Musée Guggenheim de New York), devenir un agitateur du monde culturel sujet à toutes les controverses, au point d’être présenté comme « un démon de l’ordre public ». ­

Il n’avait pas peur d’aller au contact des gens : il voulait les sensibiliser à la situation politique, les avertir du danger du capitalisme et, dès les années 1970, les convertir aux enjeux écologiques (il a ainsi participé à la création des Verts dans son pays).

A partir d’images d’archives inédites, Beuys retrace la vie intime et artistique d’un homme tourmenté et complexe, sans tomber dans un angélisme hagiographique. La prouesse de ce film sans voix off est de donner le temps au téléspectateur d’apprécier ou de découvrir ses œuvres : de longs plans silencieux s’attardent sur certaines de ses créations pour nous permettre de mieux comprendre Joseph Beuys. Mustapha Kessous

« Beuys », d’Andres Veiel (Allemagne, 2017, 105 minutes). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 9 octobre.

Affaires sensibles

BNP Paribas a toujours cultivé, avec le plus grand soin, le secret de ses affaires. / LITTLE BIG STORY

C’est une fresque implacable. Elle raconte un demi-siècle de l’histoire de la BNP, une banque française spécialisée, dans les années 1960, dans le financement des PME et la bancarisation des ménages. Un établissement sans histoires devenu, au fil d’acquisitions successives, une institution financière d’envergure internationale très puissante en s’affranchissant des règles et en jouant de son influence auprès des plus hautes sphères du pouvoir.

Tout commence par la privatisation de la BNP en 1993 et l’arrivée à sa tête de Michel Pébereau, le « parrain du capitalisme français », dont l’ambition est de transformer l’établissement français en géant européen. La première étape de cette ascension passera par l’acquisition de Paribas. C’est la rencontre de deux univers, celle d’une banque de dépôt populaire et de « la Rolls-Royce de la banque d’affaires », qui carbure aux bonus.

Le groupe nouvellement créé change de culture. Le film fait le choix de s’intéresser non pas à la success story, mais aux zones d’ombre de cette réussite. Les auteurs décryptent la porosité entre l’élite bancaire et son ministère de tutelle, alors que les institutions financières, et particulièrement BNP Paribas, aiment à recruter leurs cadres dirigeants dans la haute fonction publique, les énarques inspecteurs des finances en tête.

Quelle que soit la majorité en place, la banque possède des relais dans les rouages du pouvoir. Ce documentaire offre une plongée inédite dans les rouages d’un groupe qui a toujours cultivé, avec le plus grand soin, le secret de ses affaires. Véronique Chocron

« BNP Paribas, dans les eaux troubles de la plus grande banque européenne », de Thomas Lafarge et Xavier Harel (France, 2018, 90 minutes). Disponible sur France.tv jusqu’au 3 novembre.

Un couple qui semblait heureux

Isabelle Carré doit faire face à l’infidélité de son mari. / DR.

Alice, toute jeune graphiste, recherche un appartement. Julien, qui aurait l’âge d’être son père et semble heureusement marié à Marie, ne ménage pas son temps pour lui en trouver un qui lui convienne. Au fil des visites, le lien entre la délicate graphiste et le séduisant agent immobilier évolue en histoire d’amour. Secrète.

Mais l’emprise de la jeune fille ne va pas s’arrêter là. Alice se fait embaucher par Marie, la femme de Julien, à l’insu du couple : Marie (Isabelle Carré) ne sait bien sûr pas qu’Alice (Roxane Arnal) entretient une relation sexuelle avec son mari, mais Julien lui-même (Xavier Lemaître) ignore qu’Alice travaille dans le restaurant de sa femme…

Un peu plus de vingt ans après son long-métrage La Femme défendue, Philippe Harel tourne à nouveau avec Isabelle Carré, sobrement bouleversante en femme trompée tentant intelligemment de sauver son couple. Un adultère bénéficie également de la justesse de jeu de Xavier Lemaître et Roxane Arnal. Quant au triangle amoureux ici dépeint, il se forme et se déforme avec une légèreté qui n’est que de surface. A force de non-dits plus puissants que la parole. Sans laisser percer les douleurs souterraines dont il est fait. Au final, Philippe Harel scrute avec subtilité le point aveugle d’un couple heureux. Martine Delahaye

« Un adultère », téléfilm de Philippe Harel. Avec Isabelle Carré, Xavier Lemaître et Roxane Arnal (France, 2018, 99 minutes). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 30 octobre et sur YouTube jusqu’au 31 octobre.