Le candidat au poste de premier ministre du parti Harmonie, Vjaceslavs Dombrovskis, lors du vote à Riga, le 6 octobre. / INTS KALNINS / REUTERS

Le parti prorusse Harmonie a remporté les élections législatives de samedi 7 octobre en Lettonie, devant les populistes dont certains n’excluent pas de former une coalition gouvernementale avec lui, mais ce pari est loin d’être gagné.

Selon les résultats définitifs publiés dimanche, Harmonie arrive en tête avec 19,8 % des voix, devant les populistes du KPV LV (14,25 %), qui disent pouvoir collaborer avec toutes les formations, et ceux du Nouveau parti conservateur (13,6 %). Ils sont suivis par une nouvelle alliance libérale Développement/FOR, avec 12,0 %, l’Alliance nationale (droite) 11,0 %, les Verts et les Paysans (centre droit) du premier ministre sortant, Maris Kucinskis (9,9 %) et Nouvelle unité (centre droit) 6,7 %.

Les analystes s’attendent à de longues et difficiles négociations sur la formation d’une coalition viable. Harmonie et le KPV LV, considéré comme son partenaire potentiel, réuniraient ensemble 39 sièges dans le nouveau parlement, loin de la majorité requise de 51 députés dans une chambre qui en compte 100.

Vainqueur, mais dans une position délicate

Harmonie, populaire au sein de l’importante minorité russophone et qui remporte son quatrième scrutin législatif, n’avait pas pu former de gouvernement lors des trois précédents scrutins. Aucun autre parti politique n’a jusqu’ici accepté de s’allier avec cette formation qui avait dans le passé conclu un accord de coopération avec le parti Russie Unie de Vladimir Poutine ; accord dont elle est discrètement sortie l’an dernier.

Mais une chambre divisée entre sept partis offre de multiples possibilités de coalition. Ces prochaines semaines, tractations et contacts informels entre chefs de partis vont rythmer la vie politique lettonne. Les analystes, prudents, pensent qu’un gouvernement comprenant Harmonie et le KPV LV est moins probable que la reconduction de la coalition sortante de centre droit, selon la formule à trouver avec les nouveaux partis politiquement proches.

Le président des Verts et Paysans, Augusts Brigmanis, a déclaré samedi soir que « l’initiative d’engager des pourparlers en vue d’une coalition devait venir du centre droit », selon l’agence LETA.

Solution de continuité

Lorsque la nouvelle chambre ouvrira sa session début novembre, le président Raimonds Vejonis devra charger une personne de former le gouvernement. Comme le chef de l’Etat a laissé entendre avant les élections qu’il opterait volontiers pour une solution de continuité, il semble peu probable qu’il choisisse le candidat d’Harmonie, Vjaceslavs Dombrovskis, ou celui du KPV, LV, le juriste Aldis Gobzems.

Mais le Premier ministre sortant, Maris Kucinskis, ne paraît pas non plus un choix facile, son parti (les Verts et Paysans) ayant à peine atteint 10% des suffrages. Ce qui pourrait donner une chance à l’ancien ministre des Affaires étrangères et de la Défense, Artis Pabriks, candidat présenté par les libéraux de Développement/FOR.

Le déroulement du scrutin a été accompagné, mais non perturbé, par une cyberattaque contre le principal réseau social letton Draugiem.lv. Ses utilisateurs ont vu apparaître sur leurs écrans un message d’apparence pro-Kremlin, en russe : « Camarades lettons, cela vous concerne. Les frontières de la Russie n’ont pas de limites ».

La crainte d’un rapprochement avec Moscou était sensible chez certains électeurs interrogés par l’AFP dans ce pays balte de 1,9 million d’habitants dont l’histoire est marquée par des relations difficiles avec le grand voisin russe, dont un demi-siècle d’occupation soviétique.