Des représentants des médias ont protesté lundi 8 octobre devant le siège du gouvernement à Hong Kong contre la décision des autorités de ne pas renouveler le visa de Victor Mallet. / Vincent Yu / AP

Une atteinte sans précédent à la liberté de la presse à Hongkong. Après avoir refusé de renouveler son visa de travail à un journaliste britannique du Financial Times, les autorités hongkongaises lui ont donné une semaine pour quitter le territoire.

Rédacteur en chef pour l’Asie du Financial Times, Victor Mallet est également vice-président du Club des correspondants étrangers (FCC). Cette institution dans l’ex-colonie britannique invite régulièrement des personnalités de tout bord pour des conférences ouvertes à ses membres et aux médias.

En août, le FCC avait provoqué la colère des autorités chinoises en invitant à sa tribune Andy Chan Ho-tin, dirigeant du Parti national de Hongkong (HKNP), une toute petite formation — depuis interdite —, qui milite pour l’indépendance de Hongkong. Les autorités hongkongaises avaient sans succès tenté d’obtenir la déprogrammation de cette conférence, qui avait finalement été animée par M. Mallet.

Ce dernier a appris la semaine dernière que son visa de travail hongkongais n’était pas renouvelé. Lundi, le Financial Times a annoncé que son reporteur n’avait obtenu, à son retour dimanche à Hongkong, qu’un visa de visiteur de sept jours. Le quotidien a assuré que les services de l’immigration n’avaient donné aucune explication au fait de n’autoriser M. Mallet sur le sol hongkongais que pendant une semaine.

En temps normal, les citoyens britanniques entrent sans visa dans ce qui est une ancienne colonie de la Couronne. Et il leur est généralement permis d’y rester pour une durée de cent quatre-vingts jours.

« Un message effrayant pour tout le monde à Hongkong »

« Nous continuons de demander des clarifications aux autorités hongkongaises au sujet du refus du renouvellement de son visa de travail », a fait savoir le Financial Times, dont le siège régional se trouve à Hongkong. Le comité de rédaction du journal avait présenté cette décision comme « un message effrayant pour tout le monde à Hongkong ».

En vertu de l’accord de rétrocession passé entre Pékin et Londres, Hongkong jouit d’une semi-autonomie et de libertés inconnues dans le reste de la Chine continentale, y compris la liberté d’expression, en théorie jusqu’en 2047. Mais nombreux sont ceux qui ont le sentiment que ces libertés sont en train de s’éroder et que la Chine durcit son emprise sur le petit territoire.

Au cours de sa conférence au FCC, M. Chan avait accusé la Chine de chercher à « annexer » et à « détruire » l’ex-colonie britannique. Parallèlement, de petites manifestations de partisans et d’adversaires de M. Chan avaient eu lieu aux abords du FCC, et l’ancien chef de l’exécutif hongkongais Leung Chun-ying avait ouvertement appelé à ce que le prestigieux club soit expulsé du bâtiment qui l’abrite et qui appartient au gouvernement.