L’enquête sur l’attentat déjoué qui devait frapper en France un rassemblement des moudjahidin du peuple, un groupe politique en exil hostile au gouvernement iranien, a connu mercredi 10 octobre une nouvelle péripétie. Cette fois-ci, en territoire belge. Le parquet fédéral belge a annoncé dans un communiqué que le diplomate iranien Assadollah Assadi, soupçonné d’être impliqué dans l’organisation de ce projet d’attentat « a été entendu et placé sous mandat d’arrêt [incarcéré] » après son audition par le juge d’instruction d’Anvers, chargé du dossier.

Assadollah Assadi était en poste à l’ambassade de la République islamique d’Iran à Vienne, en Autriche, avant d’être interpellé en Allemagne au début juillet, peu après la mise en échec de ce projet. Visé par un mandat d’arrêt européen, il a été remis mardi à la justice belge. Le parquet fédéral belge, compétent en matière de terrorisme, avait annoncé le 2 juillet avoir mis en échec un projet d’attentat à la bombe qui aurait dû frapper, l’avant-veille à Villepinte, en région parisienne, le grand rassemblement annuel des moudjahidin du peuple (MEK).

Un couple de Belges d’origine iranienne avait été arrêté le jour même, le 30 juin, en région bruxelloise, en possession d’environ 500 grammes de TATP, un explosif très instable, ainsi que d’un détonateur se trouvant dans sa voiture. Outre ce couple, composé d’un homme de 38 ans et d’une femme de 34 ans, et M. Assadi, un quatrième suspect, âgé de 55 ans, interpellé en France, a été remis à la justice belge durant l’été.

« Agent du renseignement iranien »

Washington n’a pas manqué de se saisir de l’affaire pour mettre en cause à nouveau la République islamique. Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, réagissant dans un communiqué à l’extradition du suspect de l’Allemagne vers la Belgique intervenue mardi, déclarait ainsi que « l’ampleur de ce complot () rappelle que l’Iran demeure le premier Etat parrain du terrorisme au monde ».

Dans un contexte international difficile pour l’Iran, l’affaire a provoqué des tensions diplomatiques entre Paris et Téhéran au moment même où les puissances européennes, dont la France et l’Allemagne, s’efforcent de sauver l’accord sur le nucléaire iranien, dont les Etats-Unis de Donald Trump sont sortis.

Le 3 octobre, les autorités françaises ont accusé le ministère iranien du renseignement d’avoir fomenté ce projet d’attentat, ce que le gouvernement iranien a fermement démenti. Elles ont aussi procédé au gel des avoirs en France de deux citoyens iraniens, dont M. Assadi, qui est « identifié avec certitude comme un agent du renseignement » iranien, selon une source diplomatique française.

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