« Edens Zero ».

Il avait annoncé qu’il ne prendrait pas de repos, pourtant mérité, après la conclusion à la fin de juillet 2017 de sa série phare Fairy Tail. Figure emblématique du manga, Hiro Mashima revient avec une nouvelle saga, Edens Zero, dont le premier tome est paru en France mercredi 10 octobre, en quasi simultané avec le Japon. Un manga très attendu dans l’Hexagone, d’autant qu’en proportion Fairy Tail a connu plus de succès chez nous que dans son pays de naissance – il fut le deuxième manga la plus vendu en France après One Piece. Le premier tome est tiré à 100 000 exemplaires, le plaçant parmi les plus gros lancements de cette fin d’année.

Avec Edens Zero, Mashima reprend le champ lexical qui a fait sa réputation, la fantasy, mais le place cette fois dans un univers galactique. Le mangaka appelle ça de la « SF », pour space fantasy, histoire d’avertir le lecteur qu’il s’aventure sans trop de sérieux dans le registre de la fiction futuriste. Pourtant, lors de son passage au Festival internationl de BD d’Angoulême en janvier, le mangaka se disait « prêt à remettre [s]a carrière en jeu avec ce projet ».

« Edens Zero ». / HIRO MASHIMA / KODANSHA

Les aventures d’Edens Zero commencent par l’arrivée d’une jeune femme, Rebecca, accompagnée d’ Happy, son chat bleu, sur l’île de Granbell, qui abrite un gigantesque parc d’attractions aux allures médiévales. Déserté depuis un siècle, le parc est habité par des robots domestiques et Shiki, un jeune humain un peu sauvage qui a soif d’aventures. Contraints de fuir sous la menace des robots, l’équipe fraîchement constituée s’enfuit donc dans l’espace. Doté d’une grande force physique, Shiki, qui n’avait jamais quitté Granbell ni vu d’humains avant de rencontrer Rebecca, va pouvoir enfin explorer le cosmos et découvrir son destin. Pour gagner sa vie, l’équipe galactique diffuse des vidéos sur B-Cube, sorte de YouTube futuriste.

Si le scénario de ce premier tome ne paraît pas très clair, que le lecteur se rassure. Ou pas. Edens Zero est un condensé de références et d’idées cousues par un fil ténu. Ses nombreux retournements parviennent malgré tout à retenir l’attention du lecteur. L’auteur profite de l’ignorance de son héros pour le confronter pêle-mêle à des nouvelles cités, des quêtes et des ennemis. On y croise des youtubeurs agaçants, des cyborgs, une guilde (comme dans Fairy Tail), une pirate qui pourrait être la petite cousine d’Albator et une divinité géante. De même, ces premiers chapitres laissent entrevoir qu’Hiro Mashima a réutilisé la recette de sa précédente série basée sur l’humour avec des bagarres tonitruantes et de longs passages sur la notion d’amitié. Sans oublier les références un brin grivoises et une passion pour les héroïnes à grosse poitrine.

« Edens Zero ». / HIRO MASHIMA / KODANSHA

Toutefois, Hiro Mashima parvient encore une fois à déployer ce qui a aussi forgé son succès : un talent indéniable pour dessiner des décors détaillés mais aussi des planches de scènes d’action et de combats très intenses et captivantes.

« Si l’on voulait caricaturer, les séries de Mashima sont au manga ce que le fast-food est à la gastronomie : c’est gras, on s’en met partout et on a un peu honte après l’avoir dévoré d’une seule traite, mais on y revient toujours parce qu’au fond c’est bon et qu’on aime ça », défendait le blog ActuaBd dans sa chronique du premier chapitre.

Certains y verront peut-être une marque de fainéantise de la part de l’auteur. Ou une forme d’indécision aux prémices de son nouvel opus. D’autres, qu’il est fidèle à son public et à sa stature de dessinateur de manga shonen, des BD d’action et d’aventures prônant des valeurs de courage, d’amitié et de dépassement de soi. Reste qu’il faut probablement avoir aimé Fairy Tail pour continuer à aimer Mashima.

Edens Zero, de Hiro Mashima, traduction de Thibaud Desbief, tome I le 10 octobre, éditions Pika, 216 pages, 6,95 euros.

« Edens Zero ». / HIRO MASHIMA / KODANSHA