Le négociateur de l’Union européenne sur le Brexit, Michel Barnier, le 10 octobre à Bruxelles. / YVES HERMAN / REUTERS

Alors qu’un sommet européen décisif doit se tenir les 18 et 19 octobre sur la question du Brexit, le négociateur pour l’Union européenne, Michel Barnier, est revenu mercredi 10 octobre sur la question épineuse de la frontière irlandaise.

Au cours d’un discours devant des représentants des entreprises de l’Union européenne (UE) à Bruxelles, le Français a déclaré que des contrôles administratifs devront être mis en place entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord afin d’éviter le retour d’une frontière entre Belfast et Dublin.

« L’UE et le Royaume-Uni excluent tous deux l’existence d’une frontière physique avec l’île d’Irlande, de sorte que ce qui arrivera en Irlande du Nord arrivera également dans le marché unique européen. Il y aura des procédures administratives qui n’existent pas encore pour les marchandises en provenance du reste du Royaume-Uni qui arrivent en Irlande du Nord », a-t-il fait savoir.

Mais cette perspective est d’ores et déjà rejetée par le Parti unioniste démocrate nord-irlandais (DUP, Democratic Unionist Party), dont les dix députés permettent à la première ministre britannique, Theresa May, de conserver sa majorité absolue à la Chambre de communes.

« L’Union européenne est attachée à l’intégrité territoriale du Royaume-Uni, mais le Royaume-Uni doit respecter le marché unique européen qui comprend l’Irlande », a insisté Michel Barnier qui a précisé concrètement comment ces contrôles pourraient se dérouler :

« L’Union européenne propose de réaliser des contrôles de la manière la moins intrusive et éviter les contrôles physiques. Les entreprises du Royaume-Uni devront remplir des déclarations de douane en ligne quand elles voudront envoyer des biens en Irlande du Nord. Les camions et les conteneurs seront scannés à bord des ferries et des porte-conteneurs comme cela se fait entre l’Espagne et les îles Canaries. »

Négociations compliquées

Avec la sortie du Royaume-Uni de l’UE, les 500 kilomètres qui séparent la province britannique d’Irlande du Nord de la République d’Irlande vont redevenir une frontière physique. Londres ayant décidé de sortir du marché unique et de l’union douanière, synonymes de liberté de circulation et de normes et droits de douane communs, des contrôles aux frontières seront nécessaires.

Or, ce retour à une frontière entre les deux pays fragiliserait les accords de paix du Vendredi saint, qui mirent fin, en 1998, à trente ans de conflit armé entre nationalistes et unionistes en Irlande du Nord. Mais aucune solution acceptée par les deux parties n’a encore été trouvée.

L’UE et le Royaume-Uni sont par ailleurs loin d’un accord global, alors que le Brexit doit être effectif le 29 mars 2019. Lors d’une réunion de tous les commissaires européens mercredi à Bruxelles, Michel Barnier et Martin Selmayr, secrétaire général de la Commission européenne, ont dressé un bilan mitigé des négociations entre les deux parties.

M. Barnier a « rappelé que des progrès décisifs d[evaient]t être réalisés à temps pour le conseil européen d’octobre et que les négociations au niveau technique se poursuivr[aien]t cette semaine », a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, lors d’un point presse à Bruxelles.

« M. Barnier et son équipe travaillent jour et nuit pour arriver à un accord, mais nous n’y sommes pas encore », a ajouté de son côté le commissaire aux migrations européen, Dimitris Avramopoulos, une semaine avant le sommet des 18 et 19 octobre, qualifié à Bruxelles de « moment de vérité » pour éviter un divorce sans accord avec le Royaume-Uni à la fin de mars 2019.