Pendant un peu moins de deux ans, elle a été la voix de Donald Trump à l’ONU. Nikki Haley, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, a annoncé sa démission, mardi 9 octobre. Si les motifs de son départ restent mystérieux, Nikki Haley, 46 ans, a, plus que d’autres, incarné les ruptures de l’administration Trump vis-à-vis du multilatéralisme. Dès son premier jour à l’ONU, elle avait prévenu : « Nous noterons les noms de ceux qui ne nous soutiennent pas. Nous ferons en sorte de leur répondre comme il se doit. »

Retour sur les principales déclarations qui auront marqué son passage dans l’administration.

  • Juin 2017 : retrait de l’accord de Paris

Le 3 juin 2017, deux jours après que Donald Trump eut annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, conclu par cent quatre-vingt-quinze pays en 2015, Nikki Haley assure le service après-vente de la décision du président. Elle déclare ainsi, dans une interview à CNN :

« Le président Trump pense que le climat change, et il pense que les polluants font partie de l’équation. Ce n’est pas parce que nous sortons du club que nous n’allons pas nous préoccuper de l’environnement. »
  • Octobre 2017 : l’Unesco accusée d’être « anti-israélienne »

Washington avait menacé, au début du mois de juillet 2017, de réexaminer ses liens avec l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en raison de sa décision d’inscrire la vieille ville de Hébron, en Cisjordanie occupée, au patrimoine mondial.

En octobre 2017, Nikki Haley, avocate ardente des intérêts israéliens à l’ONU, affirme que cette décision est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Qualifiant la politisation de l’Unesco d’« embarras chronique », elle ajoute : « Les contribuables américains ne devraient plus avoir à payer pour des politiques qui sont hostiles à nos valeurs et se moquent de la justice et du bon sens ». Nikki Haley dit aussi que les Etats-Unis vont évaluer toutes les agences de l’ONU « dans la même optique ».

  • Décembre 2017 : retrait du pacte mondial pour aider migrants et réfugiés

Le 2 décembre 2017, Donald Trump décide de retirer les Etats-Unis du pacte mondial de l’Organisation des Nations unies visant à améliorer la gestion internationale des migrants et des réfugiés, le jugeant « incompatible » avec sa politique migratoire.

« Nos décisions sur les politiques d’immigration doivent toujours être prises par les Américains et les seuls Américains. »
  • 2017 : le chaud et le froid avec la Corée du Nord

Dans le bras de fer entre Donald Trump et Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen, Nikki Haley a soufflé le chaud et le froid afin d’obtenir des sanctions contre le régime de Pyongyang. Pendant l’été 2017, elle fustige Pyongyang, qu’elle accuse d’avoir « violé chaque résolution du Conseil de sécurité de l’ONU » et estime que « quelque chose de fort [doit] être décidé », sans donner davantage de précisions. Mais en septembre 2017, après avoir publiquement dit que les Nord-Coréens ne « cherchaient qu’une chose : la guerre », elle tente de dissiper les craintes d’un conflit armé en assurant que Washington « ne veut pas la guerre » et que Pyongyang « n’a pas encore atteint le point de non-retour ».

  • 2017-2018 : Actions unilatérales puis concertées en Syrie

Au printemps 2017, après l’attaque chimique de la ville de Khan Cheikhoun par le régime syrien, Nikki Haley annonce que les Etats-Unis prendront des mesures unilatérales en Syrie si l’ONU ne parvient pas à y répondre. Lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité elle déclare :

« Quand les Nations unies échouent constamment dans leur mission d’action collective, il y a des moments dans la vie des Etats où nous sommes obligés d’agir nous-mêmes ».

Un an plus tard, c’est avec ses alliés britannique et français que Washington bombarde des cibles en Syrie. « Notre stratégie envers la Syrie n’a pas changé », explique-t-elle à l’ONU.

  • Mai 2018 : désengagement de l’accord nucléaire avec l’Iran…

Nikki Haley a joué sa partition dans la dénonciation de l’accord sur le nucléaire signé en 2015 entre les grandes puissances et l’Iran. En septembre 2017, elle a mis en doute l’efficacité des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de vérifier que l’Iran respectait ses engagements, affirmant que l’AIEA ne peut pas intervenir « à tout moment, partout ».

Elle a accusé l’Iran de déstabiliser le Moyen-Orient par son engagement dans le conflit au Yémen ou en Syrie. En janvier 2018, présentant les débris d’un missile iranien, elle lance :

« On voit s’entasser les preuves que l’Iran ignore de façon éhontée ses obligations internationales. L’agression iranienne n’est pas seulement une menace contre ses voisins mais contre le monde entier. »

Le 8 mai 2018, Donald Trump annonce qu’il désengage son pays de l’accord nucléaire avec l’Iran conclu par Barack Obama.

  • … et déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem

En 2017, devant l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), le principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis, Nikki Haley a prévenu : le « dénigrement » d’Israël aux Nations unies est « terminé ». En décembre, après que Donald Trump eut décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et d’y installer l’ambassade américaine, l’ambassadrice met en garde les pays tentés de voter la résolution dénonçant ce changement, les menaçant une nouvelle fois de « prendre les noms » et d’exercer des représailles.

Le 15 mai 2018, alors qu’Israël fête son 70e anniversaire et que l’ambassade américaine quitte Tel-Aviv pour Jérusalem, à Gaza cinquante-huit Palestiniens qui manifestaient à la frontière sont tués. Nikki Haley dit alors qu’« Israël a fait preuve de retenue » et elle accuse le Hamas d’avoir favorisé les violences.

Portrait dans « M le magazine du Monde »  : Nikki Haley, la dame de fer des Etats-Unis à l’ONU
  • Juin 2018 : retrait du conseil des droits humains de l’ONU

Lorsque les Etats-Unis se retirent du Conseil des droits humains de l’ONU, l’organe principal du système onusien en la matière, le 19 juin 2018, Nikki Haley lance :

« Nous prenons cette mesure parce que notre engagement ne nous permet pas de continuer à faire partie d’une organisation hypocrite et servant ses propres intérêts, qui fait des droits humains un sujet de moquerie. »

Nikki Haley annonce le retrait américain du Conseil des droits de l’homme de l’ONU
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