Une cabine UV à Nice, en 2009. / © Eric Gaillard / Reuters / REUTERS

Les jours des cabines de bronzage sont-ils comptés ? Dans un avis rendu mercredi 10 octobre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a demandé « aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiels » devant le risque de cancer « avéré ».

Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques aux agents physiques à l’Anses, qui a suivi l’expertise, a ainsi expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) que « l’arrêt de l’activité liée au bronzage artificiel, et aussi l’arrêt de la vente d’appareils délivrant des UV à visée esthétique notamment aux particuliers » sont recommandés.

Dans un précédent avis en 2014, l’Anses conseillait déjà « la cessation à terme de tout usage commercial du bronzage par UV artificiels » et jugeait que la dernière réglementation en date (2013) « constituait une réponse partielle et insuffisante au regard du risque avéré de cancers cutanés pour les utilisateurs ».

« On ne peut plus attendre », souligne désormais Olivier Merckel :

« Les données scientifiques s’accumulent, il n’y a plus de doute, on a des preuves solides. »

« Aucune limite d’irradiance ou de dose ne peut être fixée »

L’interdiction des cabines de bronzage est demandée depuis 2015 par les dermatologues, l’Académie de médecine et même les sénateurs, mais sans être suivie à ce jour par le gouvernement, qui s’est contenté de durcir leur réglementation.

Le Centre international de recherche sur le cancer a déclaré « cancérogènes certains » les rayonnements artificiels depuis 2009. L’Anses relève « qu’aucune valeur limite d’irradiance ou de dose ne peut être fixée pour protéger les utilisateurs ».

« Les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l’âge de 35 ans augmentent de 59 % le risque de développer un mélanome cutané. En France, il a été estimé que 43 % des mélanomes chez les jeunes pouvaient être attibués à une utilisation de ces cabines avant l’âge de 30 ans », a souligné l’agence.

Olivier Merckel a rappelé que la réglementation interdisait la pratique du bronzage en cabines aux mineurs, « or les contrôles montrent qu’il y a encore une fraction non négligeable des moins de 18 ans qui le pratiquent ».

« Les UV à fin esthétique ne présentent aucun bénéfice »

Selon un calcul récent publié par l’Agence, en France en 2015, chez les adultes de plus de 30 ans, 10 340 cas de mélanomes pouvaient être attribués à l’exposition solaire et 382 cas de mélanomes à l’exposition aux appareils de bronzage (1,5 % des cas de mélanomes chez les hommes et 4,6 % chez les femmes).

Outre le risque de cancer, les rayonnements artificiels non seulement « ne préparent pas la peau » au bronzage, « ne protègent pas des coups de soleil », « ne permettent pas un apport significatif de vitamine D » mais provoquent un vieillissement de la peau « quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu’avec le soleil ».

« Les UV à fin esthétique ne présentent aucun bénéfice », rappelle Olivier Merckel.

Le ministère de la santé n’a pas encore défini sa décision

Selon le Syndicat national des professionnels du bronzage en cabine, « l’activité a été divisée par deux depuis 2009 et la polémique sur les risques des UV ». On compterait aujourd’hui 4 500 établissements en France dont 300 centres de bronzage spécialisés, les autres le proposant en activité secondaire.

63 % des 982 cabines contrôlées en 2016 par la DGCCRF se sont révélées non conformes en raison de manquements à la sécurité ou de non-respect de la réglementation, qui interdit la publicité et les promotions.

Certains appareils n’avaient fait l’objet d’aucun contrôle technique depuis 7 ans, ou étaient opérés par des personnels sans aucune formation ni aucun diplôme d’esthétique.

Le Brésil et l’Australie ont interdit les cabines de bronzage. Faut-il donc les supprimer ? Ou les reconvertir ? « Ce n’est pas à nous de décider mais aux pouvoirs publics », insiste M. Merckel. Le ministère de la santé, contacté par l’AFP, n’a pas encore défini sa décision. L’avis lui a été transmis il y a « quelques jours ».