Les débats s’acheminaient vers leur fin pour laisser place aux premières plaidoiries quand, tout à trac, Wojciech Janowski a demandé la parole. Il avait, dit-il, « un commentaire additionnel » à livrer à la cour et aux jurés, qui jugent depuis quatre semaines le double assassinat, dont il est accusé d’être le commanditaire, de l’héritière monégasque Hélène Pastor et de son chauffeur Mohamed Darwich.

Chaque prise de parole de Wojciech Janowski est un moment singulier tant l’homme étonne. On l’a vu au fil des jours rabrouer sèchement les avocats des parties civiles — « Rasseyez-vous ! », « Cessez d’agiter les bras ! » — ou se lancer dans de longs monologues sans grand rapport avec les questions qui lui étaient posées. Mercredi matin 10 octobre, il s’approche donc du micro. Passe en revue les parties civiles, la famille de Mohamed Darwich, le fils d’Hélène Pastor, Gildo, le père de ce dernier, Claude Pallanca, puis s’attarde sur sa compagne, Sylvia Ratkowski.

« Une femme exceptionnelle. Mais je voudrais commenter certains aspects financiers. Pour le bateau que j’ai acheté, elle parle de 4 millions d’euros. Le prix catalogue était de 5,4 millions hors taxes. J’ai négocié jusqu’au-dessous de 4 millions avec tous les extras inclus. »

Il détaille — « salles de bains, redistribution des pièces, etc. » — puis change de sujet, souligne « la grande intelligence » de son beau-frère Gildo, qu’il a pourtant accablé pendant l’instruction, évoque son AVC — « tragédie, tragédie », dit-il —, glisse au passage des accusations d’ordre sexuel contre le père de Gildo, Claude Pallanca, puis annonce du même ton imperturbable : « Je reviens sur la partie financière… »

« Je n’ai rien fait »

Wojciech Janowski évoque alors le salaire de son coach sportif, Pascal Dauriac : « On l’a augmenté de 25 %, de 60 à 75 € l’heure, j’ai fait un calcul rapide, il gagne 2 500 € par mois soit 75 000 à 80 000 euros par an. [sic] »

Il affirme ensuite que Pascal Dauriac lui aurait avoué avoir « de l’argent caché, enterré dans son jardin… »

« Si vous voulez bien terminer, tente une première fois le président Pascal Guichard.

— Je lui ai dit, “tu dois déclarer ces revenus, t’acheter une maison. Tu achètes un terrain et tu commences à construire doucement”… »

Me Dominique Mattei, l’avocat de Sylvia Ratkowski, l’interrompt à son tour.

« Avez-vous évolué sur votre responsabilité ?

— Je ne suis pas le commanditaire, je ne suis pas coupable. J’ai rien fait. »

L’avocat général Pierre Cortès se tourne vers Pascal Dauriac.

« Quel but recherche Wojciech Janowski ?

— Je ne sais pas.

— Il rejette toute la responsabilité sur vous…

— Ça me fait vomir. »

Wojciech Janowski se rassoit. Ses avocats ont délégué une collaboratrice qui assiste, impuissante, à l’échappée désastreuse d’un accusé devenu face à la cour et aux jurés son pire procureur.