Elles veulent peser dans le débat public. Quatre-vingt-dix femmes qui ont eu recours à la procréation médicale assistée (PMA) à l’étranger ont signé une tribune jeudi 11 octobre sur le site de Franceinfo pour dénoncer leur absence dans les médias dans les émissions consacrées à la PMA.

Alors que le gouvernement prépare un projet de loi bioéthique qui pourrait prévoir d’étendre l’accès à la PMA à toutes les femmes, elles regrettent que soient constamment invitées des personnes opposées à la PMA. Parmi les signataires figurent l’ancienne capitaine de l’équipe de France de football Marinette Pichon, la journaliste Marie Labory, la députée de La République en marche Laurence Vanceunebrock-Mialon ou encore les réalisatrices Emilie Jouvet et Florence Mary.

« Depuis la rentrée et jusqu’à la proclamation de la loi, nous subissons et allons devoir subir leurs arguments, répétés ad nauseam. Ils ne transigeront sur rien, il n’y aura pas de négociations », déplorent-elles, rappelant l’épisode du vote du mariage pour tous en 2013 au cours duquel les débats à l’époque « ont permis à un flot de paroles haineuses de se déverser… sur nous ».

« Tous parlent au nom de dogmes, de craintes, d’inquiétudes, de ressentis. Rien qui soit validé par la science ou des précédents historiques. Mais leur avis prévaut, s’étale, s’invite jusque dans les Etats généraux de la bioéthique. Ils promettent l’effondrement de la société et de ses valeurs, des générations d’enfants traumatisés. »

« Combien de lesbiennes avez-vous interrogées ? »

« Chers journalistes et rédacteurs en chef, pour cinq opposants à la PMA, combien de lesbiennes avez-vous interrogées ? », demandent-elles ensuite dans cette tribune.

« Car, quand bien même vous nous donneriez la parole équitablement, nous ne viendrions qu’avec nos vécus, nos émotions, nos familles, auxquels vous n’accordez pas le dixième de l’attention que vous portez aux « spécialistes », « analystes » ou « éditorialistes » qui glosent sur nos situations de vie. »

Dans ce texte, les signataires estiment également qu’« ouvrir la PMA aux couples lesbiens et aux femmes célibataires, c’est d’abord reconnaître nos familles, qui existent déjà, depuis des décennies ».

« Ne vous inquiétez pas pour nos enfants. Ils ont été désirés. Ils ont été attendus, parfois longtemps. Ils sont aimés. Nos familles n’ont pas moins de valeur que les vôtres. Il est insupportable qu’elles soient ainsi scrutées et jugées. Et si nos enfants souffrent de quelque chose aujourd’hui, c’est d’être ainsi rejetés, montrés du doigt par des soi-disant détenteurs de vérité. »

Du côté de la majorité, tous les feux sont au vert pour l’ouverture de la PMA aux femmes célibataires et aux couples lesbiens. Le gouvernement a esquissé un calendrier : Benjamin Griveaux, son porte-parole, a évoqué une introduction de la mesure dans le cadre du projet de loi bioéthique « avant la fin de l’année, pour un examen [au] début du premier trimestre de l’année prochaine » à l’Assemblée nationale.