L’ancien général bosniaque Dudakovic (à droite) avec le général des Nations unies, sir Michael Rose, le 28 décembre 1994, à Bihac, dans l’ouest de la Bosnie. / KURT SCHORK / AFP

Un ex-général bosniaque, Atif Dudakovic, a été inculpé à Sarajevo de crimes contre l’humanité commis essentiellement contre des Serbes, lors du conflit intercommunautaire en Bosnie de 1992-1995, a annoncé jeudi le parquet bosnien. Cet homme de 64 ans a été laissé libre.

Il compte parmi 17 personnes soupçonnées d’avoir commis « des crimes contre l’humanité, dont les meurtres de plus de 300 personnes, des persécutions et des mauvais traitements de civils », selon le communiqué du parquet. Ces victimes étaient « principalement des civils âgés, des prisonniers de guerre ». Ils sont également accusés d’avoir détruit 38 églises orthodoxes et d’autres édifices religieux.

Les accusés appartenaient au cinquième corps d’armée de Bosnie qui opérait dans l’ouest du pays, dans une région encerclée par les forces serbes de Bosnie et de Croatie. L’inculpation contre Dudakovic fait également état de crimes contre des Bosniaques à Bihac et Cazin.

Outre le conflit entre Bosniaques (musulmans), Serbes (chrétiens orthodoxes) et Croates (chrétiens catholiques), des Bosniaques s’étaient également affrontés entre eux dans l’ouest du pays.

Des commandants bosniaques rarement jugés

Les commandants des forces bosniaques ont été rarement jugés pour crimes de guerre. Deux chefs de l’état-major de l’armée de Bosnie, Rasim Delic et Sefer Halilovic, ont été jugés par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Delic a été condamné en 2008 à trois ans de prison en première instance. Il est décédé en avril 2010, avant l’appel. Sefer Halilovic a été acquitté en novembre 2005.

Le commandant du troisième corps des forces bosniaques pendant le conflit, Sakib Mahmuljin, est jugé depuis mars 2016 devant un tribunal de Sarajevo. Il lui est reproché de ne pas avoir empêché l’assassinat en septembre 1995 de 52 prisonniers de guerre serbes, dans la région de Vozuca et de Zavidovici, dans le nord, par des membres d’une unité de moudjahidin qui avait rejoint les rangs des forces bosniaques.

Le « défenseur de Srebrenica », Naser Oric, est rejugé depuis début septembre pour crimes de guerre. La justice a annulé en juin un verdict qui l’avait innocenté de l’assassinat de trois prisonniers serbes dans la région de Srebrenica.

Le conflit intercommunautaire en Bosnie (1992-1995) a fait près de 100 000 morts et plus de deux millions de réfugiés et de déplacés.