Supporteurs de Donald Trump lors d’un meeting en Pennsylvanie, le 10 octobre. / Evan Vucci / AP

A moins d’un mois du scrutin de mi-mandat et alors que, selon plusieurs sondages récents, les démocrates paraissent toujours plus mobilisés que les républicains, le Washington Post a interrogé des électeurs sur leurs principales motivations. L’étude porte sur les soixante-neuf districts les plus disputés, où 50 % des électeurs disent préférer un candidat démocrate à un républicain (46 %).

Et le fossé se creuse chez les « femmes blanches diplômées », dont 62 % assurent se préparer à voter démocrate (35 % pour un républicain). En 2016, dans ces mêmes territoires, la majorité des électeurs (56 %) déclarait voter pour un candidat républicain. « Un signe inquiétant pour le GOP [Grand Old Party] », estime le journal, qui souligne que la grande majorité de ces districts (soixante-trois) est aujourd’hui aux mains des républicains.

Pour 40 % des démocrates et 15 % des républicains, l’appréciation de la politique du président arrive en tête des sujets « extrêmement » importants

L’opinion qu’ont les électeurs du président Donald Trump est l’un des moteurs de leur vote en novembre, dans des districts où 43 % approuvent sa politique (un soutien plus important qu’au niveau national, 38 %), contre 51 % qui la désapprouvent. Cette appréciation devrait déterminer le vote de nombre d’entre eux, car ce sujet arrive en tête des sujets jugés « extrêmement » importants, notamment par 40 % des démocrates (contre 15 % des républicains, qui privilégient eux l’économie). La santé (pour les démocrates) et le sort de la Cour suprême et des nominations dans le secteur de la justice (pour les deux camps) viennent ensuite.

70 % des électeurs convaincus d’aller voter

La récente confirmation du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême assure une majorité conservatrice à l’institution. Pour les électeurs démocrates, regagner le Congrès permettrait un rééquilibrage des forces politiques, d’où leur mobilisation. Cet épisode tumultueux et extrêmement partisan continue de motiver les électeurs, selon Politico. 70 % des électeurs se disent convaincus d’aller voter, un chiffre qui monte à 77 % pour les démocrates (68 % pour les républicains et 60 % pour les indépendants). Des chiffres en augmentation par rapport au mois dernier, excepté pour les républicains.

Chronique des Midterms (édition abonnés) : les républicains à nouveau accusés de suppressions d’électeurs

L’intérêt des Américains pour le sort de la Cour suprême, pour la santé et pour l’économie est confirmé dans une étude de Pew Research Center. L’enquête rappelle que ces thèmes constituaient déjà d’importants moteurs lors de l’élection présidentielle de 2016. La politique de santé est revenue ces derniers jours au cœur du débat, alors que les positions des deux camps demeurent antagonistes : si les républicains, douchés par leur échec à annuler complètement l’Obama Care depuis l’élection de M. Trump, ne mettent plus en avant cette proposition, ils rejettent toujours avec virulence celle des démocrates d’étendre l’assurance santé à tous.

La radio publique NPR relève que selon le Wesleyan Media Project, un organisme qui suit les publicités politiques, la santé a occupé 41 % des messages de campagne en septembre, dépassant largement ceux consacrés aux impôts (20 %), à l’emploi (13 %) ou à l’immigration (9 %). Les démocrates y ont même consacré 50 % de leurs publicités, et le sujet est en deuxième position chez les républicains (28 % des pubs), juste derrière la politique fiscale (32 %).

Des motifs d’inquiétude communs aux deux camps

Certains sujets demeurent clivants entre les deux camps. L’environnement demeure une préoccupation privilégiée par les démocrates, de même que le traitement des problèmes raciaux, des minorités ethniques et sexuelles. Les républicains, eux, mettent davantage en avant le terrorisme, le déficit du budget fédéral et les impôts.

Enfin, deux motifs d’inquiétude traversent les deux camps : 64 % des électeurs craignent que dans l’hypothèse où le GOP conserve la majorité au Congrès, les élus républicains ne remplissent pas leur rôle de contrôle de l’administration Trump. Sur ce point, les démocrates sont naturellement plus préoccupés (89 % contre seulement 34 % des républicains). Par ailleurs, 55 % des personnes interrogées (40 % des démocrates, 72 % des républicains) redoutent qu’en cas de victoire des démocrates, ces derniers passent trop de temps à enquêter sur le président et sur ses proches.

Enfin, selon le Washington Post, les électeurs accordent peu d’importance à l’enquête de Robert Mueller sur de possibles interférences russes durant la campagne présidentielle de 2016, un sujet abondamment abordé par M. Trump depuis des mois. De même, le commerce international et la renégociation de traités, que le président américain met au rang de ses accomplissements récents, ne sont guère plébiscités.