Capture d’écran de la page de Nation in Distress, l’une des pages supprimées par Facebook. / Internet Archive

Dans le cadre de sa lutte contre le spam et la désinformation sur sa plate-forme, Facebook a annoncé, jeudi 10 octobre, avoir fermé 559 pages et 251 comptes ayant enfreint ses règles d’utilisation, principalement aux Etats-Unis.

Cette annonce est faite alors que Facebook s’efforce d’empêcher que sa plate-forme soit utilisée pour semer désinformation et division à l’approche des élections américaines de mi-mandat, en novembre.

Cette intervention massive relance la question du rôle et de l’éventuelle interférence politique de Facebook dans la vie politique états-unienne, alors que l’entreprise est régulièrement accusée par les Républicains de faire le jeu des démocrates.

Le réseau social explique avoir fermé les pages et les comptes en question pour avoir violé de manière répétée ses conditions d’utilisation contre le spam et « les comportements inauthentiques coordonnés », précisent le chef de la cybersécurité de Facebook, Nathaniel Gleicher, et le responsable produits, Oscar Rodriguez, dans un post de blog :

« Beaucoup utilisaient de faux comptes ou plusieurs comptes avec le même nom et postaient d’énormes quantités de contenus à travers un réseau de groupes et de pages [sur Facebook] pour diriger le trafic vers leurs sites. »

Le réseau social leur reproche notamment d’avoir artificiellement gonflé leur audience. D’autres pages et comptes fermés étaient « des usines à publicités » utilisant Facebook pour faire croire aux utilisateurs qu’ils étaient des forums de débats politiques, selon les deux responsables.

« Je suis un militant politique de bon droit »

Parmi les pages incriminées, plusieurs étaient américaines, très politisées, et certaines affichaient une audience considérable. A l’image de l’une des plus populaires, NationInDistress, encore accessible par le site d’archivage Internet Archive. Ce groupe Facebook à l’importante activité de publication de contenus viraux pro-Trump affichait 3,2 millions d’abonnés ; un chiffre qui peut être manipulé en achetant de faux internautes, et postait des photos et vidéos attaquant avec virulence ses adversaires.

D’autres penchaient à gauche, comme Reasonable People Unite, dont les différentes pages revendiquaient 2,25 millions d’abonnés. « J’aurais volontiers respecté les règles de Facebook si j’avais compris ce qu’elles étaient », s’est agacé l’administrateur de ce dernier, Chris Metcalf, dans une interview au Washington Post. « Je suis un militant politique dans son bon droit. Ce n’est pas un blog de “putaclic”. Ce n’est pas un site de fausses informations. Et je n’ai rien fait que d’autres pages Facebook ne fassent également. »

Cellule de crise à la Silicon Valley

Cette vague de suppression s’inscrit dans un contexte général de critiques envers Facebook, dans la mire du Congrès américain à la suite des suspicions d’ingérence russe avant l’élection présidentielle en 2016 aux Etats-Unis, remportée par Donald Trump. Le patron du réseau social, Mark Zuckerberg, a récemment assuré que Facebook était « mieux préparé » contre les tentatives d’ingérence, alors que planent de nouvelles menaces sur les législatives américaines de novembre.

Facebook est en train de mettre sur pied une cellule de crise dans son siège de la Silicon Valley en vue des prochaines élections au Brésil et aux Etats-Unis. Et ses équipes annoncent préparer des réponses à des scénarios potentiels, comme une vague de fausses informations ou des campagnes pour faire croire aux gens – à tort – qu’ils peuvent voter par texto, selon des responsables.