Le gouvernement équatorien a décidé de rétablir partiellement les communications de Julian Assange, qui vit réfugié dans son ambassade londonienne depuis 2012, a annoncé dimanche 14 octobre Wikileaks. « L’Équateur a déclaré au directeur de la publication de Wikileaks, Julian Assange, qu’il allait mettre fin au régime d’isolation qui lui était imposé, suite à la rencontre vendredi entre deux hauts responsables de l’ONU et le président équatorien Lenin Moreno », a révélé Wikileaks dans un communiqué.

Selon le site internet, cette rencontre a réuni, autour de Lenin Moreno, le haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, et le rapporteur spécial sur la protection du droit à la liberté d’expression, David Kaye.

Le rédacteur en chef de Wikileaks, Kristinn Hrafnsson, a qualifié cette décision de « positive », tout en jugeant « extrêmement préoccupant que la liberté d’expression (de Julian Assange) soit encore limitée ».

Julian Assange, le militant derrière WikiLeaks

S’il n’est pas un « lanceur d’alerte » à proprement parler, puisqu’il n’a pas communiqué de documents issus d’une structure qui l’employait, le cofondateur de WikiLeaks Julian Assange est difficile à éviter sur le sujet : les publications massives de données opérées par son site l’ont conduit à vivre reclus à l’ambassade d’Equateur depuis décembre 2010 pour échapper à des poursuites.

Qu’a-t-il révélé ?

Ce cybermilitant australien est la figure emblématique de WikiLeaks, un site Web créé en 2006 dans le but d’héberger et de diffuser des millions de documents confidentiels. De novembre 2010 à septembre 2011, le site a publié 243 000 dépêches diplomatiques provenant du département d’Etat des Etats-Unis. On y apprend l’opinion très crue des diplomates sur leurs alliés ainsi que certains secrets diplomatiques : l’ancien président Nicolas Sarkozy aurait par exemple envisagé de rejoindre la coalition militaire en Irak.

Et ensuite ?

En juin 2012, Julian Assange a obtenu l’asile politique au Royaume-Uni. Il s’est alors réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres. Depuis maintenant quatre ans, il ne peut sortir du bâtiment, car les forces de l’ordre britanniques sont stationnées devant pour l’intercepter.

Le porte-parole de WikiLeaks est poursuivi par la Suède pour agression sexuelle et viol sur deux femmes en 2010. Les charges d’agressions sexuelles sont désormais prescrites, mais celle de viol pèse toujours contre M. Assange. Il ne peut toutefois pas être entendu à cause de procédures opposant la Suède et l’Equateur, dans lesquelles il se dit convaincu que Washington joue un rôle.

Brouilleurs de communication

Quito avait annoncé en mars avoir coupé « les systèmes » de communication « avec l’extérieur » de l’Australien, estimant qu’il avait manqué à son « engagement écrit de ne pas publier des messages constituant une ingérence dans la relation (de l’Équateur) avec d’autres États ». Selon Wikileaks, Quito avait « installé trois brouilleurs dans l’ambassade pour empêcher M. Assange de communiquer en utilisant des téléphones mobiles ou internet ».

Cette décision était survenue après une série de tweets postés par M. Assange dans lesquels il dénonçait notamment l’arrestation de l’ex-président catalan et leader indépendantiste Carles Puigdemont, ou les sanctions prises par Londres à l’encontre de la Russie dans l’affaire Skripal. « L’Équateur a informé M. Assange que le gouvernement avait l’intention de poursuivre la politique de M. Moreno consistant à restreindre l’expression de ses opinions », a néanmoins précisé Wikileaks.

Julien Assange, 47 ans, avait trouvé asile en juin 2012 dans l’ambassade d’Équateur pour échapper à une extradition vers la Suède, où il était recherché depuis fin 2010 pour des accusations de viol et d’agression sexuelle qu’il nie. L’Équateur était alors présidé par Rafael Correa, figure de la gauche sud-américaine, qui avait nargué Washington en accordant sa protection au fondateur de WikiLeaks. En cas d’arrestation, Julian Assange craint d’être extradé et jugé aux États-Unis pour la publication par WikiLeaks en 2010 de nombreux secrets militaires et documents diplomatiques américains.