Laurent Nuñez, à Paris, le 19 septembre. / POOL / REUTERS

Laurent Nuñez ne sera pas resté longtemps à la tête de la Direction générale de la sécurité intérieur (DGSI). Le grand patron du renseignement, nommé en juillet 2017, devient le bras droit de Christophe Castaner, le nouveau ministre de l’intérieur. Nommé secrétaire d’Etat, mardi 16 octobre, il aura la lourde charge de coordonner les services de police, de gendarmerie, ainsi que le renseignement, autant de maisons qu’il connaît bien.

Ce n’est pas la première fois que la carrière de ce préfet de 54 ans connaît une accélération brusque. Dans une autre vie, Laurent Nuñez, fils de pieds noirs débarqués à Bourges en 1962, en provenance d’Oran, a été inspecteur des impôts, après avoir décroché une maîtrise en droit et un DESS en gestion des collectivités locales. Celui qui rêvait de devenir commissaire fait ses premières armes à Bercy.

Laurent Nuñez passe sur le tard le concours interne de l’ENA et intègre la promotion Cyrano de Bergerac. Il en sort en 1999 et obtient un poste au ministère de l’intérieur où il est chargé de gérer les carrières préfectorales. Après quelques années et un premier détour par Vesoul (Haute-Saône), il se confronte aux difficultés du terrain en devenant directeur de cabinet du préfet de Seine-Saint-Denis de l’époque, Claude Baland. Une première promotion qui en appellera rapidement d’autres.

« Il faisait l’unanimité »

Après Bobigny, changement de décor, direction Bayonne. Au Pays basque, où il restera comme sous-préfet de 2010 à 2012, cet amateur de corrida se fait une première expérience dans la gestion du terrorisme, version ETA, comme un avant-goût de ses futures attributions.

En 2012, il est rappelé à Paris où il devient directeur de cabinet du préfet de police, Bernard Boucault, un poste hautement stratégique. Il y restera jusqu’en 2015. « Il faisait l’unanimité, témoignait en 2017 son patron d’alors. C’est quelqu’un d’opérationnel, qui sait aussi traiter des sujets de fond et a des compétences managériales. »

Laurent Nuñez ne reste jamais plus de deux ou trois ans en poste. Mais partout où il passe, comme à la préfecture de police de Marseille entre 2015 et 2017, il laisse l’image d’un haut fonctionnaire intelligent, compétent, gros bosseur. Dans la cité phocéenne, il a été très actif sur le front de la lutte contre le narcobantitisme, à travers, par exemple, le « pilotage opérationnel renforcé », destiné au partage du renseignement entre police judiciaire et sûreté départementale. Afin de lutter contre les règlements de comptes, il a encouragé la « méthode proactive » consistant à identifier et faire incarcérer les malfaiteurs susceptibles de commettre ces assassinats en conduisant contre eux des enquêtes pour association de malfaiteurs notamment.

Surtout, M. Nuñez semble adepte du travail collectif, dans un milieu souvent peu enclin à partager les informations. C’est ce qui lui vaudra d’hériter du prestigieux poste de patron de la DGSI au début du quinquennat d’Emmanuel Macron, en remplacement de Patrick Calvar. Depuis son bureau à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), il se retrouve à la tête d’un service de renseignement fort de plus de 4 000 hommes, en première ligne notamment de la lutte antiterroriste.

Le défi, à l’époque, est déjà de coordonner les différentes forces de sécurité en France qui interviennent pour prévenir les attentats. Une expérience qui lui servira dans son nouveau poste à Beauvau. Laurent Nuñez peut ajouter à ses atouts une grande connaissance de la maison police et de celle du renseignement, sans pour autant être directement issu de l’une ou de l’autre, ce qui comporte ses avantages. Dans le JDD, en 2017, il assurait qu’il n’avait, dans sa carrière, « jamais rien demandé ni fait campagne pour quoi que ce soit ». Jusqu’à présent, la méthode fonctionne à merveille.

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