Marc Fesneau, le 19 juin 2017. / THOMAS SAMSON / AFP

Le Mouvement démocrate (MoDem) retrouve une place de choix au gouvernement. Avec Marc Fesneau, nommé mardi ministre auprès du premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, le parti centriste voit une de ses figures arriver à un poste clé. Il remplace Christophe Castaner, tout juste nommé au ministère de l’intérieur.

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Encore peu connu du grand public, M. Fesneau, 47 ans, s’est imposé en quelques semaines comme une personnalité qui compte dans la majorité. Le 12 septembre, le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale avait réussi une prouesse en venant chahuter l’élection annoncée de Richard Ferrand à la présidence de l’institution. Les centristes voulaient alors envoyer un message au parti macroniste, La République en marche, accusée de ne pas assez associer les troupes de François Bayrou, leurs alliés dans la majorité. Surprise : la candidature de M. Fesneau avait réuni 86 voix. Elle avait séduit, au-delà des 46 députés de son groupe, des élus du parti présidentiel.

La manœuvre a eu plusieurs effets. Elle a d’abord mis la lumière sur cet homme discret et affable. En arrivant le 23 septembre à la tribune de Guidel, où se tenait l’université de rentrée de son mouvement, le député de Loir-et-Cher a été acclamé comme chaque année par le public – élus, cadres et militants. « J’ai pensé que certains parlementaires étaient sortis de leur rang dans une volonté de discrimination positive pour porter (au Perchoir) une couleur de cheveux assez rare à l’Assemblée nationale », a-t-il plaisanté lors de son discours – référence à la tignasse qui le rend en effet si reconnaissable au Palais-Bourbon.

Le coup d’éclat a aussi et surtout fait office d’électrochoc pour LRM, qui a perçu l’agacement de son allié. Dépêché dans le Morbihan pour rassurer les troupes centristes, Christophe Castaner, délégué général de LRM, avait reconnu un « excès d’arrogance » et promis une meilleure collaboration avec le parti de François Bayrou.

Le MoDem de retour au cœur de la majorité

La nomination ce mardi d’un ministre de plein exercice remet le MoDem au cœur de la majorité. Certes, la formation centriste avait déjà deux de ses membres dans l’équipe gouvernementale. Jacqueline Gourault, désormais ministre de la cohésion des territoires, et Geneviève Darrieussecq étaient et sont toujours au gouvernement. Deux femmes qui n’avaient pas réussi à faire oublier les démissions de François Bayrou (justice), Sylvie Goulard (défense) et Marielle de Sarnez (affaires européennes), partis en juin 2017 au bout d’un mois de gouvernement pour cause d’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs des assistants au Parlement européen du MoDem.

Marc Fesneau ne manque pas d’atouts. Le député est un élu « rural, et veuillez m’excuser, chasseur », comme il s’est lui-même présenté à Guidel, le 23 septembre. Ancien maire du village de Marchenoir, quelque 700 habitants entre Blois et Orléans, il est un bon connaisseur des problématiques agricoles, lui qui a travaillé à la chambre d’agriculture de Loir-et-Cher à la fin des années 1990.

M. Fesneau n’est par ailleurs pas un néophyte en politique. Secrétaire général du MoDem de 2010 à 2017, il a aussi été le collaborateur parlementaire de Jacqueline Gourault pendant une quinzaine d’années, quand celle-ci était sénatrice. En juin 2017, il n’avait exprimé aucune envie de rentrer au gouvernement d’Edouard Philippe. « Non, je ne veux pas. Je ne sens pas le truc », avait-il dit à François Bayrou, comme le racontait Paris Match. Les temps, semble-t-il, ont changé.