Dans le camp pour personnes déplacées de la ville de Rann, dans l’extrême nord-est du Nigeria, près de la frontière camerounaise, le 29 juillet 2017. / STEFAN HEUNIS / AFP

Une travailleuse humanitaire enlevée par Boko Haram a été tuée par ce groupe djihadiste dans le nord-est du Nigeria, un mois après qu’une sage-femme, également kidnappée, a été tuée par ces mêmes ravisseurs, a annoncé lundi 15 octobre le gouvernement nigérian. Le ministre de l’information, Lai Mohammed, a qualifié ce meurtre d’« ignoble, inhumain et impie » et a appelé à la libération de deux femmes encore aux mains de Boko Haram – une autre humanitaire et une jeune fille de 15 ans.

Trois travailleuses humanitaires avaient été enlevées le 1er mars au cours d’une attaque du groupe islamiste dans la ville de Rann, dans l’extrême nord-est du Nigeria. Trois travailleurs humanitaires et huit soldats nigérians avaient été tués au cours de cette attaque. Deux des femmes kidnappées, Hauwa Liman et Saifura Khorsa, travaillaient pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), tandis que la troisième, Alice Loksha, travaillait pour l’Unicef.

« Une situation déchirante »

Dans un premier temps, le ministre de l’information n’a pas mentionné le nom de la victime, mais a indiqué plus tard dans un tweet qu’il avait « compati avec la famille de Hauwa Liman ». Le CICR a déclaré qu’il n’avait pas de confirmation officielle de l’assassinat. « Nous en dirons davantage lorsque nous aurons reçu des informations précises. Cette situation est déchirante, et nos pensées vont à sa famille », a ajouté l’organisation.

Le CICR avait annoncé en septembre avoir reçu une vidéo de l’exécution de Saifura Khorsa, l’une des trois otages du groupe Etat islamique d’Afrique de l’Ouest (Iswap), une faction de Boko Haram soutenue par l’EI.

L’Iswap menaçait dans cette vidéo de tuer les deux autres otages si ses revendications n’étaient pas satisfaites, de même que Leah Sharibu, une collégienne de 15 ans enlevée par Boko Haram avec plus de cent de ses camarades dans une école à Dapchi (Etat de Yobe, nord-est) en février.

Le CICR avait appelé dimanche les autorités nigérianes à obtenir leur libération, l’ultimatum fixé par le groupe djihadiste étant sur le point d’expirer. Le CICR avait demandé à l’Iswap de faire preuve de « miséricorde » envers des humanitaires qui « ne faisaient qu’aider les habitants dans le nord-est du Nigeria ».

« Ouvert aux négociations »

Le ministre de l’information a assuré que le gouvernement avait, depuis l’enlèvement des jeunes femmes, toujours laissé la porte ouverte aux négociations. « Dans toutes les négociations, nous avons agi dans le meilleur intérêt des jeunes femmes et du pays dans son ensemble », a-t-il précisé. « Nous restons ouverts aux négociations et nous continuons à travailler pour la libération des femmes innocentes qui restent détenues par leurs ravisseurs », a-t-il ajouté.

Les Nations unies estiment que les violences entre Boko Haram et l’armée nigériane ont fait plus de 27 000 morts depuis 2009, et près de 2 millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer. Les djihadistes pratiquent les enlèvements contre rançon pour financer leurs opérations ou échanger avec le gouvernement nigérian leurs captifs contre des membres de leur groupe faits prisonniers.

Les autorités affirment que les islamistes sont gravement affaiblis, mais l’Iswap a procédé ces derniers mois à une série d’attaques contre des bases militaires dans l’Etat de Borno et celui voisin de Yobe.