Theresa May a eu plusieurs rencontres bilatérales avant de se présenter devant les chefs d’Etat ou de gouvernement des 27 autres pays de l’UE. / Alastair Grant / AP

« Le temps est venu » pour un accord sur les conditions du divorce entre Londres et l’UE, selon la première ministre britannique Theresa May, attendue de pied ferme par les dirigeants des Vingt-Sept à l’occasion d’un sommet mercredi 17 octobre à Bruxelles, sur fond d’impasse dans les négociations du Brexit. « En travaillant intensivement et étroitement, nous pouvons parvenir à cet accord », a déclaré Mme May à son arrivée, répétant que c’était « réalisable ».

Theresa May a eu plusieurs rencontres bilatérales avant de se présenter devant les chefs d’Etat ou de gouvernement des 27 autres pays de l’UE : avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et celui du Conseil européen, Donald Tusk, ou encore le président français Emmanuel Macron.

L’UE reste prudente

« On a la volonté collective d’avancer mais nous n’y sommes pas encore », lui a fait écho le président français Emmanuel Macron, qui a tenu à faire passer un message de « confiance » mais aussi « d’urgence ». Pour la chancelière allemande Angela Merkel, l’accord est prêt à « 90 % » mais « il y a encore du travail devant nous ».

« Calme et patience », a de son côté exhorté le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, à son arrivée au sommet. « Nous avons besoin de temps, de plus de temps » pour arriver à un compromis à la fois sur les conditions du divorce et sur la future relation, a-t-il souligné. De son côté, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a estimé qu’il n’avait pas « constaté de nouveautés majeures en ce qui concerne la teneur du discours de Mme May », soulignant tout de même qu’elle s’est montrée « disponible » et de « bonne volonté ».

L’UE s’inquiète de la position du gouvernement britannique, empêtré dans des disputes internes et qui doit encore s’assurer du soutien du Parlement à tout texte négocié. « Même si on trouve un accord ici, ce n’est pas encore garanti qu’il passe à Londres », a résumé le premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel. Ce sommet était présenté comme un « moment de vérité » à moins de six mois du départ du Royaume-Uni, prévu pour le 29 mars 2019.

Le cas irlandais

Mais les dernières discussions entre l’UE et Londres sont restées vaines, butant principalement sur la solution qui permettrait d’éviter le rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, afin de sauvegarder les accords de paix de 1998. « Oui, il reste des différences sur la question d’un filet de sécurité pour l’Irlande du Nord. En travaillant intensément ensemble, je pense qu’on peut résoudre ces problèmes », a déclaré Theresa May à son arrivée.

Afin de débloquer les négociations, l’une des options serait d’accepter de prolonger d’un an, soit jusqu’au 31 décembre 2021, la période de transition, ont dit deux sources diplomatiques à l’AFP. « Tout est possible », a estimé la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, assurant que l’UE était prête à aider Mme May.

L’idée d’une prolongation de la période de transition – sur laquelle les services de Michel Barnier ont refusé tout commentaire – permettrait de donner plus de temps pour négocier un accord commercial avec le Royaume-Uni et augmenter ainsi les chances d’éviter d’avoir à recourir au filet de sécurité (backstop) en Irlande. Prolonger la transition, « ce n’est pas une solution en tant que telle. Ça ne va pas résoudre miraculeusement le problème » de la frontière, a cependant nuancé un diplomate européen.

Londres propose de rester aligné sur les règles douanières de l’Union jusqu’à la signature d’un accord de libre-échange plus large, afin d’éviter le contrôle de marchandises aux frontières. L’UE suggère quant à elle de ne garder que l’Irlande du Nord dans l’union douanière, une solution inacceptable pour Londres qui refusera toute « proposition qui aurait pour effet de disloquer le Royaume-Uni ».

Menace d’un « no deal »

Mercredi, les Vingt-Sept attendaient une nouvelle impulsion aux négociations de la part de Theresa May. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a précisé qu’il demanderait à la dirigeante britannique des propositions « concrètes » et « créatives » pour sortir de l’impasse, « une nouvelle méthode de penser ».

Mme May « est impatiente d’avoir une discussion en face-à-face avec [M. Tusk] à Bruxelles », mais elle a déjà « fait connaître sa position », avait répondu dès mardi le porte-parole de la première ministre. Dans son invitation aux chefs d’Etat et de gouvernement rendue publique lundi soir, Donald Tusk a jugé « plus probable que jamais » le scénario d’une absence d’accord, appelant à accélérer les préparatifs pour faire face à cette éventualité.

Quelles suites pour le Brexit ?
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