Louis Picamoles, troisième-ligne de Montpellier, n’a plus porté le maillot des Bleus depuis la défaite en Ecosse, le 11 février. il avait été exclu du groupe, comme sept autres joueurs. / SYLVAIN THOMAS / AFP

Le sélectionneur du XV de France, Jacques Brunel, a dévoilé ce mercredi un groupe de 31 joueurs pour la prochaine tournée d’automne, qui débute le 10 novembre au Stade de France avec la réception de l’Afrique Sud.

Louis Picamoles fait son grand retour. Le troisième ligne de Montpellier n’a plus porté le maillot des Bleus depuis la défaite en Ecosse, le 11 février, et une nuit agitée à Édimbourg qui lui avait valu d’être exclu, comme sept autres joueurs.

Ces dernières semaines, les relations se sont réchauffées entre le joueur aux 69 sélections et le patron des Bleus. Picamoles profite aussi de l’absence à son poste de Marco Tauleigne, blessé, et de Kévin Gourdon et Fabien Sanconie, qui jouent peu en club.

Un petit nouveau de 125 kilos est retenu pour la première fois. Champion du monde avec les moins de 20 ans en juin, le Briviste Demba Bemba a été appelé au poste de pilier. Le talonneur du Stade Toulousain, Julien Marchand (23 ans) est l’autre nouveauté de cette liste.

Deux noms en sont absents, ceux du deuxième ligne Paul Willemse (Montpellier) et de l’ailier Alivereti Raka (Clermont). Depuis plusieurs jours, ils étaient pourtant annoncés avec insistance. Finalement, Jacques Brunel a renoncé à sélectionner le Sud-Africain et le Fidjien.

En rugby, un international peut représenter une sélection sans détenir pour autant la nationalité du pays. Pour cela, il doit respecter deux conditions fixées par World Rugby (la fédération internationale) : résider depuis trois ans dans le pays et ne compter aucune sélection pour une autre sélection nationale. Ce qui est le cas de Willemse et Raka.

19 étrangers dans l’histoire du XV de France

Le sélectionneur a-t-il reculé au dernier moment pour ne pas contrarier une promesse du président de la fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte ? Lors de sa campagne présidentielle, l’ancien manager de Toulon avait annoncé qu’un passeport français deviendrait impératif pour être sélectionnable dans son engagement numéro 11.

« Inclusion dans les critères de sélection aux équipes nationales de la nécessité d’être ressortissant français (à l’instar du CIO pour la représentation aux JO et de la plupart des autres Fédérations françaises)… »

Le président Laporte souhaitait mettre fin à la politique du sélectionneur Laporte et encore plus active sous l’ère de Philippe Saint-André (2011-2015), quand 13 étrangers figuraient en 2014 sur une liste de 74 joueurs pour préparer la Coupe du monde 2015.

Dans l’histoire du XV de France, 19 étrangers ont déjà porté le maillot bleu frappé du coq. Avec un bonheur inégal. Si les Sud-Africains Steven Hall, Antonie Claassen ou Daniel Kotze n’ont pas laissé un souvenir impérissable, leur compatriote Pieter de Villiers a été un pilier inamovible des années 2000 et le Néo-Zélandais, Tony Marsh, un trois-quarts centre incontournable. Ces deux joueurs étaient des trouvailles du sélectionneur de l’époque, un certain Bernard Laporte (1999-2007).

Dans un entretien au Monde en janvier 2017, celui qui était devenu président de la FFR avait réaffirmé sa volonté de ne pas faire appel à des joueurs étrangers.

« World Rugby va changer la règle : pour jouer dans une équipe nationale, il faudra désormais cinq ans de résidence sur le territoire, au lieu de trois aujourd’hui. Mais, pour nous, ça ne suffira pas, il faudra en plus détenir un passeport français. Sinon, tôt ou tard, il y aura qui en équipe de France ? Trois Fidjiens, deux Samoans… Josua Tuisova [ailier fidjien jouant au RC Toulon], si je ne parle pas avec lui, si je ne l’envoie pas jouer avec son pays, les Fidji, il jouerait en équipe de France alors qu’il ne parle pas un mot de français. »

Le message était clair : privilégier la formation française et faire que l’on s’identifie de nouveau à un XV de France en manque de résultats et sans style de jeu.

« Tôt ou tard, ils seront français »

Interrogé en juin dans Midi olympique, sur le cas de Raka – qui sans une grave blessure au genou, aurait débuté avec les Bleus lors du dernier Tournoi des six nations – et celui de Willemse, Bernard Laporte avait toutefois fortement nuancé son propos : il avait mis en avant la volonté des deux joueurs de vouloir devenir français et rappelait qu’ils avaient entamé les démarches administratives nécessaires.

Paul Willemse charge ballon en main, le 7 octobre 2018, à Montpellier. / PASCAL GUYOT / AFP

« Sauf que cette procédure prend du temps. Mais tôt ou tard, ils seront français. A partir du moment où ils ont fait leur demande, je les considère comme sélectionnables. Je ne vais pas leur faire subir l’attente de la préfecture », expliquait le patron de la FFR.

Bernard Laporte aurait-il alors envoyé un ballon d’essai en laissant filtrer les noms de Willemse et Raka ? C’est ce que croit savoir, le site Rugbyrama qui annonçait, en début d’après-midi mercredi, que le Sud-Africain et le Fidjien ne figuraient pas dans la liste des 31. Face aux nombreuses réactions suscitées, le patron du rugby français aurait finalement décidé de pas accéder à la demande de Jacques Brunel, désireux de pouvoir compter sur la puissance de Willemse et la vitesse de Raka.

Le message publié par Bernard Laporte sur son compte Twitter, mercredi après l’annonce de la liste des 31, laisse peu de doute au sujet de son intervention auprès de celui qui fût son fidèle adjoint lorsqu’il dirigeait le XV de France. Il remercie Brunel de sa compréhension : « En équipe de France, un joueur doit être de nationalité française. C’est mon engagement et je remercie le staff qui l’a toujours pris en compte. » L’engagement numéro 11 du candidat Laporte est sauf.

La liste des 31

Pour la tournée d’automne, qui verra le XV de France affronter l’Afrique du Sud (10 novembre), l’Argentine (17) et les Fidji (24), le sélectionneur, Jacques Brunel, a retenu les 31 joueurs suivants :

Avants : Uini Atonio, Mathieu Babillot, Demba Bamba, Camille Chat, Paul Gabrillagues, Kelian Galletier, Cedate Gomes, Guilhem Guirado (capitaine), Arthur Iturria, Wenceslas Lauret, Bernard Le Roux, Yoann Maestri, Julien Marchand, Louis Picamoles, Jefferson Poirot, Dany Priso, Sébastien Vahaamahina

Arrières : Mathieu Bastareaud, Anthony Belleau, Geoffrey Doumayrou, Antoine Dupont, Benjamin Fall, Gael Fickou, Wesley Fofana, Rémi Lamerat, Camille Lopez, Maxime Médard, Morgan Parra, Damian Penaud, Baptiste Serin, Teddy Thomas