Yann Arthus-Bertrand, en juillet 2014 à Paris. / JOEL SAGET / AFP

La rencontre aurait pu avoir lieu plus tôt mais depuis l’été 2017 Yann Arthus-Bertrand ne jure que par les drones. « Auparavant, affirme-t-il avec un soupçon de mauvaise foi, je ne les trouvais pas au point pour ce que je voulais faire. » Après avoir capturé des images à partir d’un ballon puis d’un hélicoptère, le photographe-réalisateur a donc découvert le drone et ne cache pas son enthousiasme. « On ne peut que s’y intéresser. Tout le monde peut l’utiliser et, pour ce qui me concerne, les possibilités qu’il offre sont fascinantes grâce à sa stabilité incroyable et à la qualité des images. C’est une nouvelle façon de travailler. On assiste au début de quelque chose », dit-il. C’est pour réaliser son prochain film, Woman, que Yann Arthus-Bertrand a pour la première fois eu largement recours à un quadricoptère. Un DJI Inspire 2 équipé d’une caméra Zenmuse 7.

DJI Masters – Yann Arthus-Bertrand
Durée : 06:45

Avec un objectif commandé à distance, le rapport à l’image est différent. « A bord d’un hélicoptère, je vois directement ce que j’ai sous les yeux. Avec un drone, il faut “passer à travers l’écran”. Cela n’a rien à voir et c’est plus compliqué mais offre des possibilités de filmer avec beaucoup de souplesse des lieux très différents », estime-t-il. « En ce sens, cela m’arrange beaucoup », ajoute le photographe qui a, par exemple, pu faire voler un drone près des voies sur berges, à Paris, et envisage même de filmer à l’intérieur de Notre-Dame. Autant d’exercices inenvisageables avec un hélicoptère.

« Fasciné » par cet outil, Arthus-Bertrand, récemment nommé « DJI Master » – autrement dit, ambassadeur du numéro un mondial des drones de loisir, en compagnie du Chilien Claudio Miranda et du Britannique Rodney Charters, deux autres grands noms de la photo aérienne – fourmille de projets. A la demande de Disney, il prépare un long-métrage consacré à la France qui devrait sortir dans deux ans et sera entièrement tourné avec des drones. Il s’apprête aussi à partir en Egypte, où il doit également filmer avec des quadricoptères à condition que les autorités donnent leur feu vert.

Un drone sur le tournage de « Woman ». / DJI

Yann Arthus-Bertrand avoue volontiers s’intéresser moins au pilotage qu’aux images et angles de vue nouveaux que permet un engin volant. C’est son assistant, passé maître en la matière qui est à la manœuvre. « Moi, avoue l’auteur de La Terre vue du ciel, je ne suis pas un très bon pilote. J’ai déjà cassé deux drones, dont un dans un arbre… »

Pour le photographe, s’en remettre à un drone c’est aussi intégrer la dimension environnementale de son activité. Filmer à partir d’un hélicoptère coûte non seulement beaucoup plus cher mais impose un bilan carbone pas vraiment reluisant. « C’est une question éthique et morale, on doit se la poser, insiste Yann Arthus-Bertrand. Je pense d’ailleurs que je vais de moins en moins utiliser l’hélicoptère. »