Contrairement à une idée répandue, le développement du Web est loin de suivre une courbe de croissance continue. Au contraire, la proportion des personnes dans le monde qui ont accès à une connexion Internet est en régression, démontre une étude à paraître de la Web Foundation, basée sur les données des Nations unies, qu’a pu consulter le Guardian.

En 2014, les Nations unies calculaient que la moitié de l’humanité aurait accès à Internet en 2017. Désormais, ce seuil ne devrait être atteint qu’à la mi-2019. Et la décrue continue de s’accélérer. En cause : l’accroissement de la population mondiale, alors que la construction d’infrastructures pour étendre le réseau Internet stagne, notamment dans les zones les plus difficiles d’accès. En conséquence, si l’expansion d’Internet continue sa progression sur Terre, la part de la population mondiale à être connectée diminue.

Inégalités renforcées

Cette évolution renforce les inégalités économiques et sociales. « Le problème avec le fait d’avoir des gens connectés et d’autres qui ne le sont pas, c’est que cela renforce les inégalités existantes », explique au Guardian Dhanaraj Thakur, membre de la Web Foundation.

Actuellement, selon les données des Nations unies, la majorité des 3,8 milliards de personnes qui n’ont pas accès à Internet sont des femmes. Les différences d’un pays à l’autre peuvent atteindre des proportions dramatiques : en Islande, le pays le plus connecté au monde, 98,2 % des citoyens ont accès à Internet, contre 1,2 % des habitants de l’Erythrée.

Pour inverser la tendance, la Web Foundation estime que deux actions complémentaires sont nécessaires : le développement de technologies bon marché pour apporter une connexion aux régions où il n’est aujourd’hui pas rentable pour un fournisseur d’accès de s’installer, et une plus grande offre de ressources et de formations pour permettre aux populations non connectées de comprendre tous les bénéfices qu’elles pourraient tirer d’un accès à Internet.

Certaines grandes entreprises travaillent sur des solutions techniques. Facebook et Google ont travaillé durant des années sur des prototypes de drones ou de ballons capables de connecter de larges zones géographiques à Internet. Mais le projet de drones de Facebook a connu plusieurs revers – l’entreprise a annoncé cette année qu’elle cessait la construction de ses prototypes, et cherchait un partenaire pour les développer.