Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, à Addis-Abeba, le 21 juin 2018. / YONAS TADESSE / AFP

Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a déclaré jeudi 18 octobre que les soldats d’élite qui avaient fait irruption dans son bureau la semaine dernière avaient l’intention de « faire échouer » le processus de réformes en cours, a rapporté une télévision affiliée au pouvoir.

Dans un premier temps, le gouvernement avait assuré que ces dizaines de soldats d’élite s’étaient rendus le 11 octobre au palais abritant les bureaux du premier ministre, à Addis-Abeba, pour réclamer une augmentation de leur solde. Mais jeudi, devant le Parlement, M. Abiy a donné une tout autre version de l’incident qui avait conduit les autorités à couper l’Internet pendant plusieurs heures.

« Ils étaient venus au palais national pour faire échouer les réformes dans le pays. Mais il est difficile de dire s’ils étaient tous venus avec cette idée en tête. Ils avaient été convaincus [d’agir ainsi] par des comploteurs », a déclaré M. Abiy, selon des propos rapportés par la chaîne Fana BC. « Si le gouvernement n’avait pas géré la situation avec précaution, cela aurait pu plonger le pays dans le chaos », a ajouté le premier ministre, âgé de 42 ans.

Des officiers arrêtés

Peu après l’irruption des soldats, une vidéo avait circulé sur les réseaux sociaux, montrant M. Abiy, affublé d’un béret rouge, faisant des pompes au milieu de soldats pour la plupart souriants. Selon Fana BC, M. Abiy s’était prêté à l’exercice pour faire tomber la tension au sein des militaires. Plus tard, les soldats avaient présenté leurs excuses, et « des officiers ainsi que des individus » qui les avaient encouragés avaient été arrêtés, avait rapporté Fana BC la semaine dernière, sans préciser leur nombre.

Depuis sa nomination en avril, M. Abiy a multiplié les réformes majeures, libérant des milliers de dissidents et de journalistes, faisant la paix avec le voisin érythréen et annonçant la privatisation partielle de grandes entreprises publiques. Ces réformes constituent un changement radical par rapport à la politique menée par la coalition au pouvoir depuis 1991 et dont M. Abiy est issu. Plusieurs hauts responsables politiques ont exprimé publiquement leurs réticences face aux nouvelles mesures.

M. Abiy avait été investi à la suite de la démission, en février, de son prédécesseur, Hailemariam Desalegn, emporté par un vaste mouvement de manifestations antigouvernementales au sein notamment des deux principales communautés du pays, les Oromo et les Amhara.