La maire Les Républicains de Calais, Natacha Bouchart, en novembre 2017. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

La perspective du Brexit redonne aux Calaisiens un peu d’espoir. Touchée de plein fouet par la crise migratoire, la ville portuaire peut-elle se refaire une santé économique avec la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen ? « Les ­Calaisiens attendent le retour du duty free, confie la maire Les Républicains, Natacha Bouchart. Il y a vingt ans, les flux des ­piétons qui faisaient l’aller-retour Douvres-Calais dans la journée participaient à l’économie locale, alors commerçants et hôteliers veulent y croire. »

Hervé Lefebvre, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie du Calaisis rêve d’un duty free terrestre, « comme à l’aéroport de Roissy, avec des zones sous douane dévolues aux détaxes ». Pour M. Lefebvre, le nombre d’emplois créés autour de la vente d’alcool, de produits de luxe ou de produits locaux pourrait permettre à Calais « de retrouver ses lettres de noblesse, car ça [leur] manque ».

Une directive européenne avait annoncé la fin du duty free dès janvier 1992. Les boutiques de détaxe ont disparu du terminal du tunnel sous la Manche et des bateaux du port de Calais en juillet 1999. Cela représentait pourtant une manne pour le Calaisis. En 1998, par exemple, 38 millions de passagers avaient transité par Calais, dont une part importante de daytrippers, ces voyageurs effectuant un aller-retour entre le Royaume-Uni et la France dans la journée, parfois au prix de 10 francs grâce aux promotions des compagnies maritimes, notamment P & O.

Lobbying

« A l’époque, on a perdu plus de 40 % de fréquentation touristique, rappelle M. Lefebvre. Calais, c’est la ville des Anglais. On voudrait retrouver ça. » En guise de compensation financière, Calais avait à l’époque obtenu, de la part de l’Etat, une enveloppe de 100 millions de francs (environ 15 millions d’euros).

Avec l’annonce du Brexit, une association, créée en avril 2017, appelée « Oui au Duty Free » s’est fixé pour objectif de faire du lobbying afin que la question de la détaxe et celle des contrôles douaniers figurent au cœur des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Parmi ses adhérents se trouvent les principaux acteurs du trafic transmanche : DFDS et P & O, la Société d’exploitation des ports du Detroit (SEPD), le groupe Eurotunnel et la Fédération maritime du port de Calais. Les compagnies maritimes ont tout intérêt à voir augmenter les volumes d’achats à bord des ferries. Le retour du duty free pourrait relancer le trafic piéton et, avec lui, le tourisme en centre-ville.