Un officier de sécurité bloque l’entrée de la route menant au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, samedi 20 octobre. / EMRAH GUREL / AP

La nouvelle version de Riyad sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi ne convainc pas Amnesty International et Reporters sans frontières (RSF). Les deux ONG ont réitéré samedi 20 octobre leur demande d’une enquête indépendante sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU).

L’Arabie saoudite affirmait jusqu’ici que le journaliste, critique du pouvoir saoudien, était ressorti vivant du consulat dans lequel il était entré le 2 octobre. Vendredi 19 octobre, le procureur général du royaume a admis que le journaliste avait été tué dans le consulat saoudien à Istanbul, faisant état d’une « rixe » mortelle.

Des conclusions qui ne sont « pas dignes de confiance et constituent un nouveau record catastrophique pour l’Arabie saoudite en matière de droits de l’homme », a réagi Amnesty International dans un communiqué. « Le gouvernement turc doit désormais demander au secrétaire général de l’ONU d’ordonner une enquête urgente sur la mort de Khashoggi et ses circonstances », a poursuivi l’ONG.

Pour RSF, la version de Riyad a « pour objectif de camoufler l’essentiel »

Selon Amnesty, une enquête indépendante « sera la seule garantie contre ce qui apparaît de plus en plus comme une dissimulation saoudienne des circonstances de l’assassinat de Khashoggi ou contre toute tentative d’autres gouvernements de passer la question sous silence pour préserver les ventes d’armes lucratives et autres liens commerciaux avec Riyad ».

Demande également réitérée dans un communiqué par l’ONG Reporters sans frontières (RSF), qui a appelé à maintenir la « pression » sur l’Arabie saoudite en boycottant le Forum économique du Golfe et en gelant « les dossiers commerciaux » avec Riyad.

« Il semble inimaginable de s’y adonner au “business as usual” et de bavarder sur les investissements comme si de rien n’était, alors même que la nouvelle version officielle a manifestement pour objectif de camoufler l’essentiel, à savoir qu’un crime odieux a été perpétré contre un journaliste sur ordre d’un commanditaire d’Etat », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, cité par le communiqué.

Tout « compromis » avec l’Arabie saoudite au sujet du meurtre de Jamal Khashoggi reviendrait à donner « une autorisation de tuer » à un royaume qui « kidnappe » et « tue » des journalistes, avait déjà mis en garde Christophe Deloire samedi matin sur Twitter.

Les enquêteurs turcs poursuivent leur enquête

L’Arabie saoudite a admis pour la première fois samedi que le journaliste saoudien avait été tué à l’intérieur du consulat du royaume à Istanbul, une affaire au retentissement mondial qui a dégradé son image auprès de ses alliés, notamment les Etats-Unis. Critique envers le prince héritier Mohammed ben Salman, Khashoggi vivait en exil depuis 2017 aux Etats-Unis où il collaborait notamment avec le Washington Post.

Les enquêteurs turcs ont poursuivi leurs investigations vendredi, fouillant notamment une vaste forêt proche d’Istanbul. Selon plusieurs médias, le journaliste aurait été torturé, décapité et son corps démembré.