Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou, l’ancienne directrice de la communication du candidat insoumis. / JOEL SAGET, GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Ni surfacturation, ni enrichissement personnel, ni détournement de fonds publics : l’ancienne directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon Sophia Chikirou a réfuté, mardi 23 octobre, les soupçons évoqués dans le cadre de la campagne présidentielle du candidat insoumis, au lendemain de son audition par la police.

« Il n’y a pas eu de surfacturation, Mediascop [société de Sophia Chikirou, prestataire de conseils pour la campagne] n’a pas surfacturé, il n’y a pas d’enrichissement personnel, il n’y a pas eu de détournement de fonds publics », a-t-elle martelé d’entrée lors d’une interview sur BFMTV.

« La campagne de Jean-Luc Mélenchon a été la moins chère des cinq premiers candidats. »

La dirigeante de la société de conseil Mediascop est soupçonnée d’avoir « surfacturé » ses prestations auprès du candidat Mélenchon.

  • Que dit l’enquête ?

Cette enquête préliminaire du parquet de Paris concerne les comptes de la campagne de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2017. Après l’examen des documents comptables communiqués par La France insoumise, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a, comme le prévoit la loi, publié lesdits comptes et les a validés le 13 février, ouvrant le droit à un remboursement par l’Etat.

Mais, dans le même temps, la CNCCFP a noté plusieurs irrégularités et a dû retrancher 434 000 euros de dépenses qu’elle a considérées comme non liées à « la sollicitation des suffrages des électeurs ». Un élément qu’on retrouve dans beaucoup de comptes de campagne. Mais la commission a estimé cette fois que ces irrégularités constituaient des infractions pénales. Le président a donc transmis, le 16 mars, comme la loi l’y oblige, le dossier à la justice.

Le parquet de Paris a pris la suite et a ouvert une enquête préliminaire en avril pour « escroquerie et tentative d’escroquerie », « abus de confiance », « infraction à la législation sur le financement des campagnes électorales » et « travail dissimulé aggravé ». Le procureur de Paris, François Molins, a saisi l’OCLCIFF afin d’enquêter sur une « éventuelle violation des prescriptions du code électoral relatives au financement des campagnes électorales ».

Pourquoi le statut de Chikirou questionne ?

Plusieurs éléments posent des questions dans les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon, provenant de deux structures extérieures à la campagne : la société Mediascop, qui s’occupait des opérations de communication et qui a facturé 1,161 million d’euros de prestation à l’association de campagne de Jean-Luc Mélenchon, et l’association l’Ere du peuple, qui a facturé 440 027 euros de prestations diverses (conception de site, régie de meetings, communication, gestion des événements).

L’enquête préliminaire a donc pour objectif de déterminer si La France insoumise et les responsables de sa campagne électorale ont tenté de se faire rembourser par l’Etat des sommes qui, soit n’ont pas de lien avec la sollicitation des électeurs, soit ont été artificiellement gonflées dans un but d’enrichissement.

Un soupçon renforcé par la double casquette de Sophia Chikirou, l’une des personnes au centre des questions des enquêteurs. Sophia Chikirou, qui a rejoint Jean-Luc Mélenchon en 2008, a été lors de la campagne à la fois la directrice de la communication du candidat insoumis… et l’unique actionnaire et présidente de Mediascop, la société qu’elle a cofondée en 2012 et qui a été la principale prestataire de la communication de la campagne. Sophia Chikirou, en tant que directrice de la communication, pilotait donc des opérations qu’elle facturait principalement à Mediascop, sa propre société.