La ministre des affaires européennes, Nathalie Loiseau, à l’Elysée le 17 octobre. / POOL / REUTERS

« Ce n’est pas la France qui va donner des leçons sur le budget ! », a affirmé la ministre des affaires européennes française, Nathalie Loiseau, réagissant à la décision de Bruxelles, mardi 23 octobre, de rejeter le projet de budget italien. La Commission européenne estime que les dépenses et les baisses d’impôts voulues par la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles sont incompatibles avec les règles du pacte de stabilité.

Invitée du Club de l’économie du Monde, mercredi 24 octobre, Mme Loiseau s’est souvenue de toutes les fois où Paris avait tenté de biaiser. « Je n’ai pas la mémoire courte, je me souviens des accommodements que, pendant des années, la France a pris avec les engagements qu’elle avait elle-même dessinés », a poursuivi la ministre en souhaitant « comme le gouvernement Conte, que l’Italie connaisse la croissance et voie son chômage reculer », car « après des années de crise profonde, une partie du vote des Italiens en mars 2018 a consisté à dire basta cosi”, ça suffit ! ».

Cependant, pour Nathalie Loiseau, l’argument démocratique invoqué par Rome est discutable :

« Le gouvernement italien affirme vouloir satisfaire les demandes des électeurs, mais la Ligue du Nord et le mouvement 5 étoiles se sont combattus pendant la campagne. Ils n’ont jamais dit qu’ils allaient travailler ensemble. La première défendait la flat tax et l’amnistie fiscale, le second voulait le revenu universel et la fin de la réforme des retraites. Ceux qui ont voté pour eux ne pensaient pas que ces mesures s’additionneraient. Or, l’addition des deux donne un budget qui n’est pas soutenable… »

Rappelant que la dette italienne « représente 131 % de la richesse nationale, ce qui est considérable et dangereux », Nathalie Loiseau a souhaité « un dialogue approfondi entre les autorités italiennes et la Commission », fustigeant l’attitude du député européen de la Ligue du Nord, qui « a cru bon essuyer ses chaussures sur les notes de M. Moscovici à Strasbourg. Ce n’est pas une attitude de parti de gouvernement ».

Selon elle, « la zone euro est plus solide que ce qu’on imagine », et pourtant « insuffisamment préparée à une nouvelle crise. Nous avons annoncé l’union bancaire et nous nous sommes arrêtés en chemin. Nous devons renforcer le mécanisme européen de stabilité, qui n’est pas suffisamment réactif en cas de crise », a-t-elle estimé.