Yahia Gouasmi, le fondateur du Centre Zahra France et Jamel Tahiri s’expriment face aux journalistes devant les locaux de l’association, à Grande-Synthe, dans la banlieue de Dunkerque, le mardi 2 octobre 2018. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Le trésorier de l’association chiite Centre Zahra à Grande-Synthe (Nord), dont les locaux ont fait l’objet d’une vaste opération antiterroriste, a été condamné mercredi 24 octobre à dix-huit mois de prison dont six ferme par le tribunal correctionnel de Dunkerque, pour détention illégale d’armes.

Il a également été condamné à quinze ans d’interdiction de détenir ou de porter une arme. Le tribunal n’a pas prononcé de maintien en détention. Le procureur avait requis dix-huit mois de prison dont un an ferme et le maintien en détention.

Association à vocation religieuse, mais aux engagements très politiques, le Centre Zahra se trouve depuis près de dix ans au carrefour de la défense des intérêts iraniens dans l’Hexagone et de divers réseaux d’extrême droite et identitaires, rassemblés sous la bannière d’un « antisionisme » virulent.

Proche d’organisations terroristes

Le 2 octobre, les locaux du centre avaient fait l’objet d’une vaste opération antiterroriste, au moment où Paris accusait l’Iran d’être impliqué dans un projet d’attentat à Villepinte. L’opération avait ainsi été lancée en raison du « soutien marqué » à « plusieurs organisations terroristes » des dirigeants de l’association, dont les avoirs ont été gelés.

A l’issue de cette opération, trois personnes avaient été placées en garde à vue, et les perquisitions administratives avaient débouché sur la découverte d’armes à feu détenues illégalement. Le lendemain, le trésorier de l’association, gérant d’une boulangerie à Grande-Synthe, avait été placé en détention provisoire, dans l’attente de son procès pour détention illégale de deux fusils, retrouvés dans un coffre et pour lesquels il n’avait pas d’autorisation.

« Mal aimés »

Lors de son jugement en comparution immédiate, mercredi, l’homme de 47 ans, au casier judiciaire vierge, a expliqué qu’il détenait ces armes parce que, selon lui, le centre et la communauté chiite étaient « menacés », notamment après « l’attentat du Bataclan ».

« On est mal aimés, on a des ennemis, Al-Qaïda et l’Etat islamique, c’est pour cela que j’ai décidé de placer des armes dans le coffre au cas où quelqu’un voudrait nous faire du mal. »

Dans un arrêté daté du 15 octobre, le préfet du Nord a ordonné la fermeture de ce lieu de culte chiite près de Dunkerque, l’accusant de contribuer à « la diffusion de l’islam radical chiite à l’échelle européenne ».

Le préfet, Michel Lalande, avait considéré notamment que « le lieu de culte hébergé dans le centre Zahra » diffusait « des messages légitimant ouvertement le jihad armé » et qu’il se livrait « en permanence à une propagande » incitant « à la haine, à la discrimination et à la violence ».