Thierry Henry est perplexe après le match nul de Monaco à Bruges. / THOMAS SAMSON / AFP

Un gardien et des joueurs de champ qui cherchent à gagner du temps dès que possible. Un entraîneur, Thierry Henry, qui remplace un attaquant, Sofiane Diop, pourtant entré en jeu une heure plus tôt, par un milieu de terrain, Jean-Eudes Aholou. Le grand club fortuné n’était pas celui que l’on croyait, mercredi 24 octobre, lors de la rencontre de Ligue des champions entre le Club Bruges et l’AS Monaco. Qui va piano va sano. Demi-finaliste de l’édition 2016-2017, il y a un peu plus d’un an seulement, Monaco a semblé pourtant se satisfaire du match nul (1-1) arraché à Bruges lors de la troisième journée du groupe A.

Au moins les Monégasques, en grande difficulté en Ligue 1 (19avec six points), pourront-ils se consoler : malgré une ribambelle d’occasions concédées, ils n’ont pas perdu en Belgique. Finaliste en 2004, meilleur spécialiste français de la compétition depuis vingt ans, le club de la Principauté ne fait trembler l’Europe du football qu’épisodiquement. Cette saison, comme la précédente (éliminé en phase de groupes), a tout du mauvais cru.

Avec un point en trois rencontres, la qualification pour les 8e de finale est déjà compromise et réservée, sauf retournement de situation, aux deux cadors du groupe, le Borussia Dortmund et l’Atletico de Madrid. Il faudra batailler avec cette séduisante équipe belge, qui méritait mieux ce soir, pour se voir offrir la consolante de la Ligue europa, accessible par la troisième place.

La série monégasque est affolante et représente bien la dégringolade sportive que subit l’AS Monaco en ce début de saison. Sa dernière victoire remonte au 11 août dernier face à Nantes. En quatorze matchs, toutes compétitions confondues, le club azuréen n’a gagné qu’à une seule reprise. Avant le déplacement à Bruges, connu pour ses canaux, ses chocolats et son club de foot, Monaco restait même sur cinq défaites consécutives.

Mauvais sort

À Monaco, le départ contraint de Leonardo Jardim n’a pas provoqué le traditionnel choc psychologique. Le chantier sportif s’avère bien trop important. Le nouvel entraîneur, Thierry Henry, accueilli en homme providentiel, n’a pas encore trouvé de recette miraculeuse.

Il faut dire que le sort a même tendance à s’acharner. Monaco, club détenu par le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, en est réduit à aligner un gardien de 20 ans, Loïc Badiashile, possédant pour seule expérience un unique match de Ligue 1. Son remplaçant, Yanis Henin, n’a, lui, que 19 ans. La faute aux absences de l’expérimenté Danijel Subasic (33 ans), finaliste du Mondial avec la Croatie, et du Suisse Diego Benaglio (35 ans).

A cela s’ajoutent les forfaits sur blessures des deux meilleurs joueurs offensifs, le Colombien Radamel Falcao et le Portugais Rony Lopes. Quand le Monténégrin Stevan Jovetic doit en plus sortir sur blessure dès les premières minutes, il est remplacé par Sofiane Diop, né le 8 juin 2000, et donc à peine majeur.

Monaco a souffert pour ramener le match nul de Bruges. / FRANCOIS LENOIR / REUTERS

Tant pis, le crédit de coach Henry, grand footballeur champion du monde en 1998, est encore trop important pour que l’on puisse en tenir rigueur à celui qui débute sa carrière d’entraîneur principal. L’ancien deuxième adjoint des Diables Rouges continue de prendre ses marques. Même si ce retour en Belgique ne lui a pas été favorable, élégamment vêtu d’un costume et portant des chaussures rutilantes, il a attiré tous les regards. Debout tout au long des quatre-vingt-dix minutes de jeu, il a tenu à saluer ses joueurs un par un avant leur sortie du terrain.

Bien qu’habitué aux stades immenses et prestigieux (avec Arsenal de 1999 à 2007 et Barcelone de 2007 à 2010), ce passionné de football a dû apprécier la chaleur typique et délicieusement démodée du vétuste stade Jan-Breydel, construit en 1974 et ouvert aux quatre vents. L’enceinte du club brugeois semble toujours dans son jus malgré une rénovation en 1998. On gagne en charme ce que l’on perd en confort.

« Retrouver de la confiance »

En 2000, les Bleus de Thierry Henry y avaient joué et gagné un superbe quart de finale de l’Euro 2000 face à l’Espagne de Raul (2-1). Dix-huit ans après, dans ce stade baptisé en l’honneur d’un des meneurs de la révolte locale face aux troupes du roi de France Philippe IV le Bel au XIVsiècle, Henry n’a pas eu souvent l’occasion de sourire.

Le septième meilleur buteur de l’histoire de la Ligue des champions (50 buts) devra attendre avant d’espérer briller à nouveau sur la scène européenne, cette fois-ci dans son rôle d’entraîneur. Le 1er octobre 1997, il y a vingt et un ans, le jeune Henry avait signé ses débuts européens d’un doublé contre Leverkusen sous le maillot de… l’AS Monaco.

Celui qui, durant sa carrière de joueur, a dû patienter de longues années avant de pouvoir brandir le trophée, en 2009 avec le Barça, ne peut pas être soupçonné d’avoir privilégié le championnat plutôt que la Coupe d’Europe. En conférence de presse, il avait insisté sur le fait de ne pas la sacrifier. « La Champions League, c’est quand même un rêve. Tu veux la jouer, y participer, et nous, à l’heure actuelle, on peut prendre ça pour retrouver la confiance, avait-il déclaré. On essaie de chercher une victoire ou un gros match le plus rapidement possible pour retrouver de la confiance. »

Il faudra donc encore attendre avant de voir Monaco gagner ou simplement réaliser une grosse performance. La réception de Dijon dans trois jours, samedi 27 octobre, s’avère déjà cruciale. Tout autre résultat qu’un succès ternirait quelque peu les débuts sur le Rocher de l’enfant prodigue. La patience et le football font en effet rarement bon ménage.