Saisie d’armes à Mutsamudu, aux Comores, le 22 octobre 2018. / YOUSSOUF IBRAHIM / AFP

Des « insurgés » d’Anjouan qui avaient pris les armes la semaine dernière contre le président des Comores, Azali Assoumani, sont arrivés à Mayotte, où ils ont demandé l’asile politique, a annoncé, mercredi 24 octobre, le ministre français de l’intérieur, Christophe Castaner.

Interrogé par le député Mansour Kamardine lors des questions au gouvernement à l’Assemblée, le ministre a indiqué que « certains insurgés se sont échappés et sont arrivés à Mayotte », île française située à 70 km d’Anjouan. « Il se sont présentés immédiatement à nos forces de l’ordre » et ont été placés entre les mains des gendarmes.

« Une enquête approfondie est conduite […] en lien avec les autorités des Comores, pour comprendre ce qui s’est passé, évaluer la capacité d’accueillir ces personnes et voir leur responsabilité dans les actes qui se sont commis à Anjouan, mais entendre aussi leur demande immédiate d’asile politique », a expliqué M. Castaner.

Promesse de clémence

Les forces comoriennes ont repris le contrôle, samedi, de la médina de Mutsamudu, capitale de l’île d’Anjouan, dans laquelle des rebelles étaient retranchés depuis six jours, après l’intervention des forces de l’ordre contre une manifestation d’opposants, le 15 octobre. Les affrontements entre les rebelles et l’armée comorienne ont fait trois morts, selon les autorités, et au moins six personnes ont été grièvement blessées, d’après une source hospitalière à Mutsamudu.

Le président comorien a effectué mardi une visite dans la médina de Mutsamudu. « Je suis venu constater de visu, rien ne vaut le contact physique, être sur le terrain. J’ai constaté la reprise des activités. Mais je suis surtout venu féliciter la population de Mutsamudu pour avoir su gérer cette situation, féliciter nos forces qui ont fait preuve d’un grand professionnalisme », a déclaré à la presse le président Azali.

Encadré par un important dispositif sécuritaire, le président Azali a brièvement traversé la médina, serrant les mains et échangeant des commentaires avec les passants et les commerçants. « L’important maintenant est de récupérer les armes et de rechercher les rebelles […] qui ont fui avec les armes », a affirmé le président comorien, réitérant sa promesse de clémence et d’impunité à quiconque, civil ou rebelle, rendrait son arme.

Le gouverneur arrêté

Interrogé sur l’arrestation dimanche du gouverneur de l’île, Abdou Salami Abdou, accusé d’être le principal instigateur de la rébellion, le président a répondu : « Je trouve regrettable que des responsables politiques puissent s’impliquer dans de tels actes. » Le procureur de la République d’Anjouan a déclaré à l’AFP que le gouverneur Salami est actuellement gardé chez lui et entendu par la gendarmerie dans le cadre de l’enquête préliminaire.

« Son dossier sera prochainement transmis au parquet, à un juge d’instruction, il sera jugé par la Cour de sûreté de l’Etat, a expliqué Mohamed Abdallah. Les charges sont nombreuses : complicité de rébellion, complicité de troubles de l’ordre public, port illégal d’armes, atteinte à l’intégrité territoriale. » Adversaire acharné du président Azali, le gouverneur s’est toujours opposé à la réforme constitutionnelle adoptée par référendum, en juillet, et qui donne au chef de l’Etat la possibilité de rester au pouvoir jusqu’en 2029 en cas de victoire électorale.

Avant la réforme constitutionnelle, le système prévoyait une rotation de la présidence entre les trois principales îles de l’archipel. Il aurait dû revenir la prochaine fois à un représentant d’Anjouan, où l’opposition est majoritaire.